Soyons clair : je n’ai encore jamais entendu dire que la compagne d’Hitler aurait été juive, mais comme il existe une rumeur stupide selon laquelle elle aurait eu des « origines juives », je me doute qu’entre envisager d’éventuelles et douteuses « origines juives » et affirmer que la personne était juive, certains auront vite fait de franchir le pas.
J’utilise à dessein les guillemets quand j’écris « origines juives », car cette notion est bien vague et sujette à des interprétations plus ou moins fantaisistes. En l’occurrence, de quoi s’agit-il exactement ?
Il existe des Braun juifs. Par ailleurs, une des deux sœurs d’Eva Braun, Ilse, avait été la secrétaire médicale et la maîtresse d’un médecin juif, Martin Marx. Cependant, celle-ci est devenue par la suite la secrétaire du ministre nazi Albert Speer. Quant à la troisième sœur, Gretl, elle avait épousé en premières noces un officier SS.
En 2014, une émission de télévision britannique faisait état d’une analyse d’ADN concernant des cheveux qui « auraient été prélevés » sur une brosse gravée aux initiales d’Eva Braun et récupérée par un capitaine de l’armée américaine au Berghof, la résidence de Hitler dans les Alpes bavaroises.
L’analyse révélait que le génome était porteur d’une séquence particulière appelée N1B1 et « fortement associée » aux Juifs ashkénazes. Naturellement, les médias n’ont pas manqué de relater la chose avec gourmandise. D’un journal à un autre, non seulement on retrouve les mêmes expressions comme par exemple « fortement associée » (ce qui veut dire quoi ?), mais même les phrases sont souvent identiques.
Remarquons aussi que l’analyse d’ADN en question avait été effectuée à la demande des producteurs de l’émission !
Sachant qu’en Allemagne de nombreux Juifs se sont convertis au cours du temps, et notamment au XIXe siècle, d’innombrables Allemands au type germanique peuvent avoir un ancêtre juif si l’on remonte assez loin. Cela pourrait être le cas d’Eva Braun, à supposer que les cheveux en question aient bien été les siens (c’est loin d’être prouvé). Et qu’est-ce que cela changerait ?
On sait que les parents d’Eva Braun étaient des catholiques convaincus et que celle-ci fut élève dans une école catholique, puis passa un an dans un couvent.
En fait, l’idée qu’Hitler aurait pu se mettre en ménage avec une « non aryenne » est déjà assez stupide. Par ailleurs, Eva Braun était forcément au courant de la « solution finale » et cela ne l’aura jamais empêchée de dormir, ni de lier son destin à celui du plus haut responsable de cette folie meurtrière.
Dans le meilleur des cas, la rumeur des « origines juives » d’Eva Braun reflète un goût malsain pour les paradoxes improbables, mais elle peut tout aussi bien participer d’une certaine forme de banalisation du nazisme et de la Shoah (voir mes articles concernant Hitler et d’autres nazis).
Sources : Abbott E., Une histoire des maîtresses, (Fides, Montréal, 2007, p. 306.) ; genealogie.schirrhein-schirrhoffen.fr ; Jew Or Not Jew ; Spartacus, sur Ilse Braun ; Spartacus, sur Gretl Braun ; Wikipedia, sur Eva Braun.
J’utilise à dessein les guillemets quand j’écris « origines juives », car cette notion est bien vague et sujette à des interprétations plus ou moins fantaisistes. En l’occurrence, de quoi s’agit-il exactement ?
Il existe des Braun juifs. Par ailleurs, une des deux sœurs d’Eva Braun, Ilse, avait été la secrétaire médicale et la maîtresse d’un médecin juif, Martin Marx. Cependant, celle-ci est devenue par la suite la secrétaire du ministre nazi Albert Speer. Quant à la troisième sœur, Gretl, elle avait épousé en premières noces un officier SS.
En 2014, une émission de télévision britannique faisait état d’une analyse d’ADN concernant des cheveux qui « auraient été prélevés » sur une brosse gravée aux initiales d’Eva Braun et récupérée par un capitaine de l’armée américaine au Berghof, la résidence de Hitler dans les Alpes bavaroises.
L’analyse révélait que le génome était porteur d’une séquence particulière appelée N1B1 et « fortement associée » aux Juifs ashkénazes. Naturellement, les médias n’ont pas manqué de relater la chose avec gourmandise. D’un journal à un autre, non seulement on retrouve les mêmes expressions comme par exemple « fortement associée » (ce qui veut dire quoi ?), mais même les phrases sont souvent identiques.
Remarquons aussi que l’analyse d’ADN en question avait été effectuée à la demande des producteurs de l’émission !
Sachant qu’en Allemagne de nombreux Juifs se sont convertis au cours du temps, et notamment au XIXe siècle, d’innombrables Allemands au type germanique peuvent avoir un ancêtre juif si l’on remonte assez loin. Cela pourrait être le cas d’Eva Braun, à supposer que les cheveux en question aient bien été les siens (c’est loin d’être prouvé). Et qu’est-ce que cela changerait ?
On sait que les parents d’Eva Braun étaient des catholiques convaincus et que celle-ci fut élève dans une école catholique, puis passa un an dans un couvent.
En fait, l’idée qu’Hitler aurait pu se mettre en ménage avec une « non aryenne » est déjà assez stupide. Par ailleurs, Eva Braun était forcément au courant de la « solution finale » et cela ne l’aura jamais empêchée de dormir, ni de lier son destin à celui du plus haut responsable de cette folie meurtrière.
Dans le meilleur des cas, la rumeur des « origines juives » d’Eva Braun reflète un goût malsain pour les paradoxes improbables, mais elle peut tout aussi bien participer d’une certaine forme de banalisation du nazisme et de la Shoah (voir mes articles concernant Hitler et d’autres nazis).
Sources : Abbott E., Une histoire des maîtresses, (Fides, Montréal, 2007, p. 306.) ; genealogie.schirrhein-schirrhoffen.fr ; Jew Or Not Jew ; Spartacus, sur Ilse Braun ; Spartacus, sur Gretl Braun ; Wikipedia, sur Eva Braun.