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Channel: Les Juifs qui ne le sont pas
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Tenue pour juive parce qu’elle s'appelait Goetzmann

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On sait qu’au moins un individu en France a pris la juge d’instruction Corinne Goetzmann pour une Juive. Il s’agit de Youssouf Fofana, l’assassin et tortionnaire d’Ilan Halimi. Outre la sanction de son crime, ce dément borné, inculte, raciste et musulman « très croyant » a écopé d’un an de prison pour outrage à magistrat après avoir traité la juge de « sale juive ».

De toute évidence, c’est parce qu’elle portait un nom en « mann ». Inutile d’aller chercher plus loin.

J’ignore si Goetzmann est le nom de jeune fille de la juge en question ou son nom d’épouse. Quoi qu’il en soit, c’est un nom allemand, alsacien et lorrain (désignant celui qui appartient à la famille « Goetz », lequel nom est dérivé de Gott qui signifie Dieu).

La carte ci-contre représente le nombre de naissances sous ce nom par département entre 1891 et 1915. On ne peut que constater la très nette prédominance de l’Alsace, avec 67 naissances contre 6 en Lorraine et 7 en région parisienne (Paris et Yvelines).

Les prénoms les plus donnés aux Goetzmann sont Salomé, Madeleine, Marianne, François, Dorothée, Antoine, Jean, Joseph, Michel, Aloise Jacques, Geoffroi, Philippe, Anne-Marie, Frédéric et Jacques. On notera aussi, outre les neuf Aloise Jacques recensés, quatre Marie Madeleine, trois François Joseph, deux Apolline, deux Christophe ainsi qu’un Chrétien, un Christian, une Christiane et un Pierre-Baptiste. Voilà qui est assez parlant.

Léonard de Vinci pourrait-il avoir été juif ?

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Léonard de Vinci est né non pas dans le ghetto de Florence, mais à proximité de Vinci, dans le petit village toscan d’Anchiano. Voilà un premier indice de sa non-judaïté.

Il est né d’une union illégitime entre un notable et une paysanne. Son père, Piero Fruosino di Antonio da Vinci, était notaire, chancelier, ambassadeur de la République florentine, et descendant d’une riche famille de notables italiens.

Quant à sa mère, Caterina, on nous dit quelle était « une humble fille de paysans ». Est-ce que les enfants de paysans, à cette époque en Italie, n’étaient pas tous humbles ?

Une hypothèse a été avancée, j’ignore sur quelles bases, selon laquelle cette Caterina « pourrait être une esclave venue du Moyen-Orient » (sic). Il semble que ce soit là l’origine d’un des divers racontars qui circulent concernant Léonard de Vinci, en l’occurrence, la rumeur peu répandue mais réelle selon laquelle il auraitété (ou plutôt, « pourrait avoirété»)juif.

Rappelons qu’en principe, à part quelques exceptions ponctuelles et peu durables dans l’Antiquité (et dans les camps nazis), il n’y a plus eu de Juifs esclaves depuis la sortie d’Égypte.

Par ailleurs, on lit dans Wikipedia : « Léonard (…) est baptisé (…). Il a cinq marraines et cinq parrains (…). » Ajoutons à cela ses relations avec les rois et avec Rome, et le fait qu’il ait peint des sujets religieux, entre autres La Cène et Sainte-Anne, la Vierge et l’enfant Jésus.

Si, avec cela, certains détraqués continuent d’affirmer que Léonard de Vinciétait juif, je ne peux vraiment plus rien pour eux.

Pierre Mauroy n’était pas juif, vous le saviez ?

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Si j’en crois mon expérience, dès qu’une conversation porte sur une personnalité connue ayant un homonyme, le risque de confusion est assez élevé. Cela donne par exemple le résultat suivant :

 – Tu savais que Pierre Mauroy était juif ?

Le jour où cette question m’avait été posée, j’avais tout de suite compris de quoi il retournait. Je savais qu’André Maurois était juif, et je savais aussi que Pierre Mauroy ne l’était pas. La confusion homonymique ne faisait aucun doute. Je suppose que de là vient la rumeur.

Pierre Mauroy - Crédit photo :
Marie-Lan Nguyen, Wikimedia
André Maurois, écrivain mort en 1967, s’appelait en réalité Émile Herzog. Son pseudonyme, Maurois, était le nom d’un village du Nord de la France, bien qu’il soit né à Elbeuf, en Normandie, et que sa famille soit originaire d’Alsace.

Pierre Mauroy, l’homme politique (bien vivant au moment de mon anecdote) s’appelait vraiment Pierre Mauroy, et il était originaire du Nord de la France.

Il se trouve que les origines de l’ancien Premier ministre socialiste ont été étudiées par des généalogistes réputés, notamment Joseph Valynseele, et plus récemment Jean-Louis Beaucarnot qui lui a consacré un petit article. C’est pour moi du pain béni.

Mauroy est un patronyme on ne peut plus français, datant du Moyen-âge, et dont la fréquence atteint actuellement ses pics dans l’Aisne, la Marne et la Nièvre. Parmi les ancêtres de Pierre Mauroy, nous avons des bûcherons et des laboureurs, ainsi que des meuniers établis sous Louis XIV. Ses racines sont dans le Nord, côté père, avec des noms comme Copin, Deloffe et Mathon (et Mauroy), mais également côté mère, avec des noms comme Barbier, Hedon et Merlin.

Enfin, pour ses obsèques, la cérémonie religieuse a eu lieu dans une église.


Manuel Valls, juif par sa belle-mère ?

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Serait-ce en raison de sa femme ? Ou bien, à cause de son nom ? Pourtant, Valls est un patronyme typiquement catalan. Manuel Carlos Valls est le fils de Xavier Valls, artiste catalan, et de Luisangela Galfetti, issue d’une famille paysanne de Suisse italienne et sœur de l’architecte Aurelio Galfetti.

Paroisse Sant Joan d'Horta, à Barcelone
Crédit photo : Jordiferrer, Wikimedia
Manuel Valls est né à Barcelone. Il a été baptisé le 24 août 1962 par le père Ventura dans l’église paroissiale du quartier de Horta. Il a pour parrain Carlo Coccioli, écrivain italien, et pour marraine Maria Buina. Il est donc clairement de confession catholique.

Son grand-père paternel était rédacteur en chef d’un journal républicain et catholique, et il avait caché des prêtres persécutés par les trotskistes et les anarchistes.

Sa première femme s’appelait Nathalie Soulié. Elle n’était pas juive.

Il semble que Manuel Valls fasse grand cas de la judéité de sa seconde femme, Anne Gravoin, née d’une mère juive mais d’un père non juif. En effet, il a déclaré publiquement que par cette alliance, il était indéfectiblement lié au peuple juif.

Mais ce second mariage ne fait pas de lui un Juif, pas plus qu’il ne fait de sa femme une Catalane.


Lénine, un huitième de Juif ?

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Certes, parmi les principaux leaders de la Révolution russe, il y avait Zinoviev, Kamenev et Trotski qui étaient nés sous les noms de Rosenfeld, Kaganovitch et Bronstein, respectivement. Mais que restait-il de juif chez ces gens là ? « Je ne suis pas juif, s’écriait Trotski avec rage, je suis internationaliste ! »

Il était sans doute inévitable que se répande le bruit que Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, était « juif » lui aussi. Rappelons qu’une telle rumeur existe même concernant Staline.

Le grand-père maternel de Lénine, né Israël Blank d’un père juif et d’une mère non juive, avait été baptisé à l’adolescence et avait alors changé de prénom pour Alexandre.

En se plaçant un instant dans une perspective « racialiste », sachant que le père de son grand-père maternel était juif, on pourrait dire que Lénine avait 12,5 % de « sang » juif. Mais que ferait-on des 87,5 % qui restent ? En vertu de quel principe un huitième prévaudrait vis-à-vis de sept huitièmes?

Par ailleurs, si lon suit la logique douteuse de ceux pour qui être juif serait une simple appartenance religieuse, Lénine était un athée issu de deux parents chrétiens orthodoxes. Pas juif, là encore.

Du point de vue plus éclairé et plus réaliste qui est le mien (en toute modestie), les Juifs ne sont ni une religion ni une race mais un peuple lié à une religion, dont Lénine ne faisait partie à aucun titre.

On le voit bien, considérer comme juif un athée né de deux parents chrétiens nés eux-mêmes de parents chrétiens, n’a tout simplement aucun sens.

« J’ai appris que Mick Jagger… »

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Si vous avez entendu dire qu’il est juif, dites-vous que c’est encore une de ces rumeurs ridicules et sans fondement que je me suis fait une spécialité de démonter. En l’occurrence, j’en ignore la raison : ses lèvres charnues, peut-être ? Ou bien, son patronyme en -er ?
  
Michael Philip Jagger, plus connu sous le nom de Mick Jagger, est né à Dartford, dans le Kent. Son père s’appelait Basil Fanshawe Jagger et sa mère, née en Australie et d’origine anglaise, s’appelait Eva Ensley Mary Scutts.

Jagger et Scutts ne sont pas des noms portés par des Juifs. Des prénoms comme Basil Fanshawe et Eva Ensley Mary ne suggèrent certainement pas une appartenance au peuple juif. En outre, le frère de Mick se prénomme Christopher.

En 1971, Mick Jagger s’est marié à Saint-Tropez selon le rite catholique. Son second mariage, en 1990, aurait été célébré en Indonésie selon le rite hindou (et un peu plus tard, annulé). 

Enfant, Mick chantait dans le chœur de l’église. Vous connaissez, dans votre quartier, des Juifs dont les enfants font partie du chœur de la paroisse ?


Oui, j’ai entendu dire que Françoise Dolto était juive !

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Est-ce parce qu’elle était la mère d’un sympathique chanteur brun frisé qui nous faisait inévitablement penser au Club Med, si bien que certains le croyaient juif ? Ou bien, est-ce parce qu’elle était psychanalyste et portait un nom à consonance étrangère ? Ou encore, parce qu’elle exerçait la même spécialité que Bruno Bettelheim ?

Tombe des Dolto
Quoi qu’il en soit, ceux qui ont colporté cette rumeur auraient mieux fait de s’abstenir de parler de ce qu’ils ignoraient. Tout d’abord, cette dame portait le nom de son mari, Boris Ivanovitch Dolto, qu’elle avait épousé en 1942. Elle s’appelait Françoise Marette, et toutes les sources indiquent  que son père, Henri Marette, et sa mère Suzanne Demmler, étaient catholiques. Apparemment, ils étaient aussi d’extrême droite : une « famille maurassienne », selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon (Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011).

Son oncle, Pierre Demmler, était aussi son parrain (pour la n-ième fois, il ny a pas de parrain ni de marraine chez les Juifs). En outre, Françoise Marette avait passé sa première communion.

En décembre 1942, sous l’occupation, Françoise Dolto avait été engagée par une institution eugéniste, comme le rappelle notamment Didier Pleux. Dans son ouvrage Françoise Dolto – La déraison pure (Autrement, 2013), cet auteur écrit :« Elle a également été en analyse chez René Laforgue, son mentor et psychanalyste dont l’objectif était d’implanter à Paris un centre de psychologie aryanisée ». Il ajoute que celui-ci militait contre la « psychanalyse juive ».

Enfin, on remarquera que la tombe des Dolto est bien une sépulture chrétienne (voir photo).


Sources : Le Vif Info ; Wikipedia ;et ouvrages cités.

Carlos (le chanteur), un Juif ?

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« Mais quest-ce tu bois, Doudou, dis-donc ?» ... « Oasis, Oasis, c’est bon, c’est bon... »

Avec sa corpulente bonhomie, sa bonne humeur et sa chemise hawaïenne, il nous faisait inévitablement penser au « Club Med » ! Dailleurs, il avait obtenu un disque d’or pour Cocotte en papier, une chanson qui y faisait clairement allusion : « Je suis ton G.M., tu es ma G.O., c’est presque aussi bien que chez Trigano ». 

Est-ce pour cette raison que certains l’avaient pris pour un Juif ? Je sais bien que « le Club » a été fondé par des Juifs et a toujours compté beaucoup de Juifs parmi ses « gentils membres », mais tout de même...

Ou bien, en raison de ses cheveux très bruns et très frisés et de ses yeux sombres ? Certes, il avait « le type », comme on dit (même si on le dit de moins en moins).

Ou encore, est-ce parce qu’il était le fils de Françoise Dolto, que certains croyaient juive ?

Dans quel sens faut-il donc envisager cette double méprise ?

Carlos s’appelait en réalité Jean-Chrysostome Dolto. Il était le fils de Boris Ivanovitch Dolto et de Françoise Dolto, née Marette. Wikipedia nous indique qu’il était « resté très attaché à la foi de l’Église orthodoxe » (sic).

Avec un tel prénom, il pouvait être chrétien orthodoxe et le rester, en effet. Cela nous confirme aussi que son père était orthodoxe, et donc pas plus juif que sa mère, laquelle était catholique.

(voir aussi la photo de la sépulture familiale, au cimetière de Bourg-la-Reine)

Kuster n’est pas Huster

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Depuis que Brigitte Kuster, maire du XVIIearrondissement de Paris, a accueilli un colloque sur l’antisémitisme dans sa mairie le 7 avril 2014, certains se demandent si elle ne serait pas juive, et il semble que d’autres en soient convaincus. De façon très classique, le fait qu’elle porte un nom à consonance germanique y aura sans doute contribué.

Brigitte Kuster porte le nom de son mari, Gérard Kuster, et d’une. Kuster est un nom alsacien et lorrain, et de deux. Ce nom désigne le gardien du trésor de l’église ou le sacristain, et de trois (voir le site internet Genealogie.com). Voilà pour le nom.

On pourrait aussi imaginer qu’un monsieur Kuster, non juif, ait épousé une Juive, mais rien de tangible n’indique que ce serait le cas.

Je ne dispose pas d’autres informations sur les origines de cette élue, mais elle n’a pas besoin d’être juive pour accueillir des orateurs qui étudient et combattent l’antisémitisme. D’autres élus non juifs, comme Claude Goasguen ou comme le regretté Pierre-Christian Taittinger, par exemple, l’ont fait avant elle.

Donc, Brigitte Kuster n’est pas juive, jusqu’à preuve du contraire.

Jaurès, socialiste imbécile

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Jean Jaurès, un Juif ? C’est un camarade d’études, lui-même juif, qui, le premier, m’avait gratifié de cet invraisemblable scoop.

Pourquoi Jean Jaurès aurait-il été juif ? Sans doute en vertu d’un rapprochement douteux entre son patronyme et d’autres noms en « -ès » comme Adès, Baranès, Chaliès, Mendès …

Or, il existe en France de nombreux noms en « -ès » qui n’ont rien de juif. Rollès, par exemple, était le vrai nom de l’abbé Pierre. Autre exemple, l’antisémite Maurice Barrès, connu pour avoir notamment déclaré : « Que Dreyfus soit coupable, je le déduis de sa race. »

Jean Jaurès, lui, avait pris parti pour Dreyfus. Et cependant, en matière de préjugés hostiles aux Juifs et d’antisémitisme délirant, il n’était pas en reste :

Nous savons bien que la race juive (…) toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain (…) manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d'extorsion. (Discours de Tivoli, 1898).

Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que, par l'usure, par l'infatigable activité commerciale et par l'abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. (...) En France, l'influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s'exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l'argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n'ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d'un point, la double force de l'argent et du nombre. (Article « La question juive en Algérie » publié le 1er mai 1895 dans La Dépêche).

À la même époque, ou peu de temps plus tard, un certain August Bebel disait que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles. 

Comme l’écrivait un de mes lecteurs à propos de mes « Juifs qui ne le sont pas » : « Pour certains, c’est bien dommage, pour d’autres, c’est bien tant mieux. »

Carla et Valeria Bruni Tedeschi, absolument pas juives !

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Concernant Carla Bruni et sa sœur Valeria Bruni Tedeschi, l’origine de la rumeur stupide selon laquelle elles seraient juives ou « demi-juives » est évidente : leur grand-père putatif, Virginio Bruni Tedeschi, était né au sein de « la communauté juive de Turin » (Wikipedia).

Cependant, celui-ci « se convertit pendant la Seconde Guerre mondiale et épous[a] une catholique » (ibid.). Le père putatif de Carla et père de Valeria, le musicien Alberto Bruni Tedeschi, n’était donc pas juif. Il était même catholique et a composé une messe (voir son site Internet personnel). En outre, si j’ai employé le mot putatif, c’est parce que le père biologique de Carla n’était pas Alberto Bruni Tedeschi, mais un certain Maurizio Remmert (Le Figaro, Voici).

Leur mère, Marisa Borini, est née d’une mère française originaire de Saint-Étienne, Renée Planche, et d’un père italien, Carlo Domenico Borini (Wikipedia).

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot s’est intéressé en particulier aux ancêtres français de Carla Bruni, qui étaient originaires de Savoie et des Hautes-Alpes. La grand-mère maternelle de Carla s’appelait Renée Planche et n’avait aucun ancêtre juif connu, même en remontant quatre générations en arrière :

« On lui découvre notamment des ancêtres Dupenloup ou Dupanloup, à Evires, berceau de cette très prolifique famille qui donnera deux évêques, dont le plus connu, Félix Dupanloup (1802-1878)... » (J.L. Beaucarnot). Pour plus de renseignements, Jean-Louis Beaucarnot nous propose un dossier sur les racines françaises de Carla Bruni.

Carla Bruni n’a donc aucun grand-parent juif et aucune ascendance juive connue. Quant à Valeria, elle a un seul grand-parent né juif, mais converti avant la naissance de ses enfants. Ses deux parents, Alberto et Marisa, étaient catholiques et avaient chacun deux parents catholiques.

Dalida fut certes l’amie d’un chanteur juif...

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Dalida, de son vrai nom Yolanda Cristina Gigliotti (Wikipedia), a chanté dans diverses langues, entre autres en hébreu. De là pourrait venir la rumeur de sa judéité, ce qui serait évidemment ridicule puisqu’elle a chanté aussi en allemand et en japonais.

Autre mauvaise raison possible de la rumeur, le chanteur israélien Mike Brant était un grand ami de Dalida et celle-ci avait contribué à son succès en France en lui permettant de chanter en première partie de son concert à lOlympia en 1971. Elle avait aussi été la première à lui rendre visite après sa première tentative de suicide, en 1974 (ibid.).

Enfin, il y a son patronyme. On trouve apparemment des Gigliotti juifs, mais ce nom est aussi bien (et même, surtout) porté par des non-juifs. Il en est sans doute du patronyme Gigliotti comme du patronyme Simon, par exemple, qui est porté aussi bien par des Juifs que par des Français de souche, d’origine normande notamment.

Gigliotti, (…) forme italienne de gillier, nom de personne d'origine germanique issu de gisl, otage et hari, qui signifie armée (genealogie.com).

Il existe des footballeurs juifs, surtout en Israël, mais concernant les deux joueurs qui portent ce nom, le Français David Gigliotti, d’origine argentine du côté paternel, et l’Argentin Emanuel Gigliotti, ils ne sont vraisemblablement pas juifs (les noms italiens sont très courants en Argentine).

Avec Cristina comme deuxième prénom, une scolarité dans une école religieuse (catholique) et des parents originaires de Calabre, Dalida avait peu de chances d’être juive. Il me semble que la croix gravée sur sa sépulture (photo ci-dessus) nous permet de trancher pour de bon la question.

Christian Jacob, juif et paysan ?

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« On m’a demandé si DSK était le candidat des bobos. J’ai répondu avec la fibre du paysan. » - Christian Jacob (www.lejdd.fr)

Il s’appelle Jacob, il est brun… et il a un long nez. Il n’en aura sans doute pas fallu davantage pour que l’expression « Christian Jacob juif », au moment où ces lignes sont écrites, soit la deuxième des suggestions de recherche associées à ce nom sur Google. Un peu plus loin viennent « Christian Jacob religion » et « Christian Jacob confession ». À votre avis, à quelle religion ou confession pensent ceux qui envoient de telles requêtes sur Internet ?

Il en va de même pour Jacob que pour David et Simon : c’est certes un patronyme porté par des Juifs comme François Jacob ou Simone Veil (née Jacob), mais plus souvent encore par des non-juifs. En l’occurrence, ce nom est surtout courant chez les Alsaciens.

Par ailleurs, je me répète, le prénom Christian est fort peu prisé chez les Juifs, ce qu’une personne au cerveau normalement constitué doit pouvoir comprendre. Il se trouve aussi que je connais personnellement un autre Christian Jacob qui est d’origine alsacienne, et évidemment pas juif.

Imagine-t-on un Juif, quelles que soient ses opinions politiques et ses attaches au judaïsme, déclarant publiquement que telle personnalité connue pour être juive, Dominique Strauss-Kahn par exemple, n’incarne pas « l’image de la France des terroirs et des territoires » ?

Enfin, on m’accordera qu’un fils et petit-fils d’agriculteurs français « enracinés à droite » (www.lefigaro.fr), prénommé Christian, né à Rozay-en-Brie, titulaire d’un brevet d’études professionnelles agricoles, lui-même agriculteur-éleveur et ayant exercé des responsabilités dans le syndicalisme agricole, a environ zéro chance d’être juif.

Si Emmanuelle Seigner était juive, je serais duc de Bourgogne...

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Il aura sans doute suffi qu’Emmanuelle Seigner épouse Roman Polanski pour qu’une rumeur commence à courir, attribuant une appartenance juive à la comédienne, et par la même occasion, à sa sœur Mathilde.

Il serait logique que cette judéité imaginaire soit attribuée également à l’autre sœur, Marie-Amélie, ainsi qu’à la mère, Françoise Seigner. Cependant, comme je l’ai souligné dans mes précédents articles, la logique n’est généralement pas ce sur quoi se fondent les spéculations concernant l’appartenance ou la non-appartenance au peuple juif.

Toujours est-il que le grand-père, le fameux comédien Louis Seigner, un Dauphinois né en 1903 dans un hameau au fin fond de l’Isère, semble être devenu juif, lui aussi, à titre posthume.

Le fait que le nom Seigner se termine en « -er » comme bon nombre de patronymes à consonance germanique, dont certains sont portés par des Juifs ashkénazes, aura sans doute facilité la chose. À quoi cela tient, décidément… 

Jean-Louis Beaucarnot a étudié les racines de la « dynastie Seigner », dont les origines sont principalement dauphinoises du côté du père, comme le confirme la carte de France des Seigner, et bourguignonnes du côté de la mère, née Ponelle. Je renvoie donc le lecteur au court article que le généalogiste a publié sur ce sujet. 

Pascal Bruckner, pris pour un intellectuel juif

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Je l’avoue, jusqu’à la sortie de son ouvrage autobiographique Un bon fils en 2014, j’étais de ceux, plutôt nombreux il est vrai, qui avaient toujours associé Pascal Bruckner aux « intellectuels juifs » (myboox.fr).

« L’ex-partenaire de Finkielkraut s’amuse qu’on le croie juif, et plus encore, qu’on salue ses dénégations d’un « Je comprends » compatissant », commente Luc Le Vaillant (liberation.fr).

Ancien élève des Jésuites, Pascal Bruckner est le fils d’une mère catholique et d’un père protestant. Lui-même est athée.

En outre, son père était un antisémite fanatique qui voyait des Juifs partout (comme un certain nombre de lecteurs du présent blog), et qui considérait son STO chez Siemens comme « la plus belle partie de [son] existence » (nouvelobs.com).

Dans Un bon fils, il nous révèle « les détails effrayants de son enfance passée à prier chaque jour pour voir mourir son père antisémite et raciste » (myboox.fr).

« Après tout, ma fille est juive », nous déclare-t-il cependant.

On pourra aussi se référer à une intéressante interview de Pascal Bruckner pour Akadem.

Besancenot, juif et sioniste comme je suis arabe et islamiste

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Certains détraqués publient sur leurs sites internet des listes de personnalités « sionistes » dans lesquelles ils incluent quiconque ne leur paraît pas suffisamment hostile à Israël. Je n’ai pas encore compris comment ils réussissaient à y faire figurer, outre Michèle Alliot-Marie, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, même un « anti » obsessionnel comme le sinistre Olivier Besancenot.

Sur un de ces sites de déments propagateurs de théories du complot, celui-ci est même carrément désigné comme juif. Serait-ce parce qu’il a fréquenté Alain Krivine et sa fille ?

Pourtant, le Tintin postal n’a visiblement rien de juif : ni son patronyme, ni sa sensibilité, ni ses idées, ni son visage, ni ses oreilles de troll.

L’histoire et la géographie du nom Besancenot sont éloquentes (geopatronyme.com) : une forte concentration autour de la Haute-Saône, et de nombreuses références au cours du XIXe siècle dans divers départements français.

Parmi les candidats aux diverses élections, il est le seul à mentionner, et de façon systématique, les « Palestiniens » dans ses tracts de campagne. Il s’est aussi distingué en défilant dans la rue et devant les caméras de télévision tout en scandant « Sharon assassin ».

Plus récemment, il est allé jusqu’à suggérer que si des équipes de secours israéliennes s’étaient rendues en Haïti, c’était pour y prélever des organes : il est difficile d’imaginer même le Juif le plus antisémite débitant un ragot aussi immonde.

Michel Garroté, catholique et pro-israélien

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« Je suis suisse et catholique. Je me suis rendu en Israël à cinq reprises entre 1983 et 2011. Et avant cela, j’ai été pendant quelques années un supporter inconditionnel et servile de l’OLP. […] En […] 1983, je suis arrivé athée à Jérusalem. Et j’en suis reparti croyant. À mon retour en Europe, j’ai fait les démarches pour devenir catholique. J’avais 26 ans. […]

Je n’ai aucune origine juive. […]

En 2007, j’ai participé à la création et au développement de dreuz.info, qui à l’époque, s’appelait drzz.fr. J’en suis devenu le rédacteur en chef en 2008 et je le suis toujours en 2014. Le fondateur de dreuz.info, alias drzz.fr, est, comme moi, suisse et catholique. Lui non plus n’a pas d’origines juives. Dès 2007, lui et moi avons affiché clairement le fait que dreuz.infoétait un blog chrétien. […]

Personnellement, je trouve assez comique que dreuz.info et moi-même soyons considérés comme juifs par ceux que nous insupportons et qui, pour tout dire, sont tous français. »

© Michel Garroté, rédacteur-en-chef de dreuz.info

Source : dreuz.info, « Je ne suis pas juif et dreuz.info non plus nest pas juif»,juin 2014.

Alain Souchon, de quelle souche ?

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Il a le type : ses cheveux frisés, son nez… Ne dirait-on pas le croisement d’Arnaud Apoteker et de Jack Lang ? Certes. Mais on pourrait tout aussi bien envisager le croisement de Bourvil et d’Albert Dupontel, par exemple. 

Mais le patronyme Souchon, ne serait-il pas apparenté à Chouchan et à ses variantes, Chouchane, Soussane, Soussan, etc. ? La réponse est non. Souchon est un nom français, le diminutif de souche, dont on observe une prédominance autour de l’Ardèche (genealogie.com).

Autre source possible du fantasme de sa judéité, Alain Souchon s’appelle en réalité Alain Kienast. Or, Kienast est un nom germanique, tout simplement. Le footballeur Roman Kienast, par exemple, est autrichien. On trouve aussi des Kienast allemands, suisses et alsaciens.

En fin de compte, bien que le vrai nom d’Alain Souchon soit Alain Kienast et qu’il soit issu d’une famille suisse, il semble que Souchon soit bel et bien le nom de son père biologique.

Quant à sa mère, qui écrivait sous le pseudonyme de Nell Pierlain, rien, absolument rien, n’indique qu’elle aurait été juive. Tout au contraire, son prénom véritable, Marie-Madeleine, laisse fortement penser qu’elle était issue d’une famille chrétienne.

Quoi qu’il en soit, on ne s’étonnera pas outre mesure d’apprendre que le chanteur figure sur certaines listes de personnalités censées êtres juives, que publient sur leurs blogs des gens qui n’ont pas les yeux en face des trous.

Pour autant, il est inutile, me semble-t-il, d’aller chercher plus loin.

Mouammar Kadhafi, un Juif porté au pouvoir par Israël ?

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Dans son essai West of Kabul, East of New York (MacMillan, 2003), l’écrivain américano-afghan Tamim Ansary rapporte une conversation à laquelle il avait assisté à Tanger en 1980 : à la question de savoir si Kadhafi était « un bon musulman », celui qui passait pour le membre le plus sage du groupe répondait que Kadhafi était un Juif placé au pouvoir en Libye par les Israéliens dans le but de ternir la réputation de l’islam (cité par Phyllis Chesler dans Le Nouvel Antisémitisme, Eska, 2005).

Il faut savoir que dans les pays arabes, où ce genre de racontar grossier et ridicule est monnaie courante, une technique souvent utilisée pour discréditer un opposant consiste à le désigner comme juif (voir aussi mon article sur Ahmadinejad).

Une Israélienne d’origine libyenne, Gita Boaron, a prétendu être la cousine de Kadhafi et l’avoir connu enfant. Sa tante, la sœur de son père, aurait épousé un Arabe musulman et se serait convertie à l’islam, puis elle aurait fui son mari parce qu’il la battait. Elle se serait remariée avec un autre Arabe musulman avec qui elle aurait eu deux enfants, dont une fille qui aurait été la mère de Kadhafi. Ces dires invérifiables sont rapportés par jssnews.com, mais aussi, pour partie, par la version électronique du magazine américain The Economist, economist.com.

Toujours est-il que Mouammar Abou Minyar Abd-al-Salam al-Kadhafi est né dans une famille de Bédouins du clan des Ghous, lequel appartient à la tribu des Kadhafa (d’où son nom d’usage), et a reçu une éducation islamique (Wikipedia). Il a appelé son premier fils Mohamed et aégalement donné à ses autres enfants des prénoms typiquement musulmans. Il a toujours affiché une foi musulmane ardente, même s’il s’est livré à des interprétations réformistes et parfois singulières de l’islam. En outre, il a financé des opérations de prosélytisme à l’échelle internationale. Il a notamment distribué des exemplaires du Coran en France en 2007, tout en déclarant qu’il souhaitait que l’islam devienne la religion majoritaire de l’Europe.

Outre ses nombreuses diatribes contre Israël, et avant de préconiser son remplacement par un nouveau pays qui s’appellerait « Isratine », le colonel Kadhafi a soutenu diverses organisations « palestiniennes » et s’est rendu complice, en 1976, des terroristes qui ont détourné sur l’Ouganda un avion provenant d’Israël et séquestré les passagers qu’ils avaient identifiés comme juifs.

Dans ces conditions, considérer Kadhafi comme juif sous prétexte que sa grand-mère maternelle serait née d’une Juive est passablement grotesque.

Entendons-nous bien, je ne prends pas position ni pour ni contre le principe de matrilinéarité. Ce principe, codifié dans le Talmud, serait issu d’une loi orale remontant à Moïse. Toutefois, dans son excellent ouvrage Une histoire des Juifs (Livre de poche, 1970), le rabbin Josy Eisenberg, sans doute pas une des plus mauvaises références en la matière, explique que le critère de la matrilinéarité aurait été adopté par les rabbins pour des raisons humanitaires, en un temps où les persécutions contre les Juifs s’accompagnaient de nombreux viols.

Quoi qu’il en soit, on peut comprendre l’énoncé « est juif quiconque est né de mère juive » comme faisant référence à une mère qui ferait partie, de façon évidente, d’une communauté juive.

En revanche, interpréter ce principe comme s’il s’agissait d’une loi mathématique aboutirait à un non-sens : il suffirait que la mère de la mère de la mère... de votre mère soit née d’une mère juive pour que vous le soyez également, quels que soient le vécu, les origines, la culture et la religion de chacun de vos ascendants au cours de ces générations passées.

Dans de telles conditions, il faudrait peut-être considérer comme juif Mouammar Abou Minyar Abd-al-Salam al-Kadhafi, musulman fervent élevé par des parents musulmans issus de familles musulmanes, dirigeant d’un pays membre de l’OCI, ce même Kadhafi qui a spolié et expulsé les derniers Juifs de Libye et fait construire une autoroute sur le cimetière juif de Tripoli...

... et en même temps, en vertu du même principe, il faudrait considérer comme non-juifs aussi bien Anouk Aimée, Pierre Arditi, Elisabeth Badinter et Zabou Breitman que Laurent Fabius, Charlotte Gainsbourg, Jenifer, Matthieu Kassovitz, Arnö Klarsfeld et Bernard Kouchner ainsi que Claude Lelouch, Patrick Modiano, Roman Polanski, Alexandra Rosenfeld, Eric de Rothschild, Elsa Zylberstein et j’en oublie.

Hector Guimard, juif par alliance ?

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Hector Germain Guimard est né à Lyon le 25 mai 1867 « dans une famille sur laquelle on est encore très mal renseigné » (Encyclopaedia Universalis). On sait cependant que sa mère était lingère, et son père orthopédiste. On sait aussi que par la suite, son père tiendra un gymnase à Paris, boulevard Malesherbes.

Synagogue de la rue Pavée
Dans ce qui précède, rien n’indique qu’Hector Guimard aurait été juif, et surtout pas son nom. Guimard est un patronyme surtout porté dans le Morbihan. Certains lui prêtent une origine germanique, mais selon Jean Tosti, par exemple, ce serait plutôt une variante du nom breton Guimarch ou Guivarch.

Je ne vois donc que deux raisons possibles pour expliquer cette rumeur. La première est qu’il a été l’architecte de la synagogue de la rue Pavée, à Paris. On admettra que ce n’est tout de même pas un élément très probant.

La seconde raison est qu’aux prémisses de la Seconde guerre mondiale,  il s’est exilé aux États-Unis, plus précisément à New York, avec son épouse, et qu’il semblerait qu’il ait fait ce choix par crainte de l’antisémitisme sachant que celle-ci, née Adeline Oppenheim, était juive.

Ce qui laisse pourtant entendre, et de façon très claire, que lui-même ne l’était pas.


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