Dans un de ses films, L’Œuf du serpent, Ingmar Bergman met en scène un jeune Juif qui assiste à la nazification de l’Allemagne. Mais surtout, il semble que des gens peu soucieux de rigueur soient prompt à prêter une identité juive à quiconque porte un nom en « berg » ou en « man ». Il était donc inévitable que certains tiennent pour juif un cinéaste dont le nom est formé de ces deux syllabes.
Il existe effectivement des Juifs qui portent ce nom ou une de ses variantes. J’ai moi-même connu un Bergman brésilien d’origine juive polonaise (quoique plus marxiste que juif en matière de convictions). Cependant, à l’instar des Michel, des Picard et des Simon, il s’en faut de beaucoup que tous les Bergman soient juifs.
Erik Bergman en chaire |
Ernst Ingmar Bergman est né dans une famille de luthériens, ce qui est extrêmement banal, du moins pour l’instant encore, dans un pays comme la Suède. La famille Bergman habitait même un presbytère, car le père d’Ingmar était pasteur. Il soumettait sa famille à une discipline très rigide et élevait ses enfants « dans la traque obsessionnelle du péché et du repentir » (Wikipedia).
Une partie de l’œuvre de Bergman est inspirée de ces souvenirs. Ainsi, dans son film Les Communiants (1962), le cinéaste règle ses comptes avec la religion en mettant en scène un pasteur qui perd la foi. Le personnage est inspiré de la figure de son père.
En 1934, dans le cadre d’un programme d’échange, le jeune Ingmar avait été envoyé en Allemagne. Sa famille d’accueil l’avait emmené assister à un discours d’Hitler, dans un stade de Weimar. Après son retour en Suède, l’idéologie nazie avait fait des adeptes dans sa propre famille, notamment son frère qui allait faire partie des fondateurs et des membres actifs du parti national-socialiste suédois.