Le 20 février 2018, dans une discussion sur Facebookà propos d’un Juif exclu du parti travailliste britannique en raison de son antisémitisme, un participant avait prêté également une identité juive au très pro-palestinien chef du parti travailliste au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn.
Il est vrai que des antisémites conspirationnistes voient également en Corbyn un Juif. On peut remarquer que « Jew » et « Jewish » font partie des mots associés à son nom dans le champ de recherche de Google.
Serait-ce à cause de son prénom ?
Connu pour son militantisme pro-palestinien effréné, Corbyn a soutenu une campagne visant à faire annuler la condamnation de deux terroristes reconnus coupables d’un attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël à Londres en 1994. Or, ces condamnations ont été confirmées par la Haute Cour de justice en 2001 puis par la Cour européenne des droits de l’homme en 2007 (Daily Telegraph et Jewish Chronicle, septembre 2015).
On ne s’étonnera donc pas qu’il ait été plusieurs fois accusé d’antisémitisme.
Le site The Jewish Chronicle rapporte des extraits d’une interview au Church Times, dans laquelle Corbyn racontait que sa mère, Naomi Loveday, était agnostique mais lisait la Bible. Elle avait grandi « dans un milieu religieux », son frère était pasteur, et il y avait « beaucoup d’ecclésiastiques dans sa famille ».
Son père, David Benjamin Corbyn, était chrétien et allait à l’église. David, Benjamin, Naomi et Jeremy sont certes des prénoms hébraïques, mais comme je l’ai déjà rappelé, notamment à propos d’Isaac Newton, les prénoms tirés de la Bible juive sont monnaie courante chez les protestants anglo-saxons. David Benjamin Corbyn n’était pas plus juif que David Duke ou Benjamin Franklin, Naomi Loveday n’était pas plus juive que Naomi Campbell, et Jeremy Corbyn n’est pas plus juif que ne l’était Jeremy Bentham.
Dans l’interview en question, Corbyn ajoutait : « Si [l’]on remonte beaucoup plus loin, il y a un élément juif dans la famille, probablement d’Allemagne. »
Si l’on remonte très loin, beaucoup de chrétiens (et de musulmans) ont un « élément juif » dans leur généalogie. Et après ? Qu’est-ce que cela change ?
Les antisémites ont toujours des amis juifs, c’est bien connu. Mais de plus en plus souvent, comme la mode n’est plus aux revendications racialistes, bien au contraire, ils affirment aussi avoir des Juifs parmi leurs ascendants.
Sources : Jewish Chronicle, Wikipedia.
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Un estimable lecteur m’a adressé le message suivant :
Suite à une discussion entre amis, il est apparu que [m]onsieur Gottlieb Duttweiler, fondateur de la Migros suisse et homme politique suisse de premier plan, passe à tort pour être de confession juive. La confusion proviendrait du fait que les succursales berlinoises des magasins Migros aient été violemment boycottées par les Sturmabteilungen (SA), au même titre que les commerces dits « juifs ». La Migros était toutefois attaquée par les nazis en sa qualité de grande entreprise étrangère, et non en raison d'une quelconque identité juive de son fondateur [...].
Ce n’est pas seulement en Allemagne que des boycotts avaient été organisés contre l’enseigne Migros, mais aussi en Suisse. Le nazisme y était pour quelque chose, mais l’hostilité de ses concurrents également.
Certains détracteurs de Migros avaient prétendu y voir « une société juive », ce qui laisse penser qu’ils tenaient pour juif son fondateur.
Sans doute celui-ci s’était-il fait d’autres ennemis encore en décidant, pour mieux contre-attaquer, de se lancer dans la politique. Il avait même fait l’objet d’une haine pathologique. Il lui était arrivé d’être désigné dans un journal suisse comme « l’ennemi public n°1 ».
Or, si certains de ses ennemis le disaient juif, d’autres en faisaient un nazi : dans la presse, on avait pu lire un jour « Heil Duttler ! », tandis que quelqu’un avait désigné Duttler comme « Le petit Göring de Rüschlikon » (Rüschlikon étant la ville où il s’était fait construire une villa, près de Zurich).
De façon aussi grotesque, Duttweiler avait également été accusé par certains d’être « à la solde de Brown-Boveri ».
Mais Duttweiler était finalement devenu très populaire auprès d’un large pan de la population suisse. Plus d’un demi-siècle après sa mort, « Dutti » reste une des plus grandes figures de tout le paysage helvétique du XXe siècle.
Il fut un grand innovateur dans le domaine de la grande distribution, un peu comme les fondateurs des grands magasins à Paris, qui étaient tous juifs. Pour son audace et ses méthodes révolutionnaires, il pourrait aussi être comparé à d'autres visionnaires qui étaient juifs, comme Emil Jellinek ou Marcel Bleustein-Blanchet.
Et comment ne pas mentionner l’éthique remarquable de Duttweiler, qui avait interdit la vente d'alcool et de tabac dans les points de vente Migros, et qui s’était efforcé de promouvoir l’écologie, le recyclage et le commerce équitable dès la fin des années trente !
Et tout cela, alors qu’il n’était même pas juif !
Il me semble que jamais, sauf peut-être le jour de la fête de Pourim, des Juifs n’auraient habillé leur petit garçon comme sur la photo ci-contre.
Surtout, outre que Gottlieb Duttweiler portait le même prénom que son père et que rien n’indique que son père ni sa mère auraient pu être juifs, ses obsèques, à Zurich en 1962, ont eu lieu à l’église... et même, plus fort encore, elles ont été organisées simultanément dans quatre églises différentes.
Sources : Dictionnaire historique de la Suisse, Testatelier, Migros Magazine (du 4 juin 2012), Migros Magazine (du 11 mars 2013), WOZ.
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Andy Warhol avait annoncé que désormais chacun pourrait avoir son quart d’heure de célébrité. Au moment où ces lignes sont écrites, c’est le cas d’un certain Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet du président Macron, brusquement sorti de l’ombre pour avoir frappé une fois de trop.
Dans les années soixante-dix, certains policiers un peu trop portés sur la castagne aimaient à tabasser un manifestant, ou mieux encore, un jeune homme supposé l’être, surtout s’il s’agissait d’un « Arabe » (c'est-à-dire un immigré maghrébin).
Les choses ont bien changé depuis, pour le meilleur ou pour le pire, et nous avons ici, en quelque sorte, le schéma inverse : un employé du gouvernement, mais un faux policier, d’origine maghrébine, qui « se fait » un vrai manifestant, mais en choisissant de préférence un individu de type européen, bien « blanc ».
Sur Facebook, un individu proche de l’extrême droite ayant souligné qu’on avait affaire une fois de plus à un « Abdoul » (sic), un autre objecta qu’avec comme prénom Alexandre, ce devait être plus probablement un membre de la LDJ (il faisait référence à la Ligue de défense juive). Un autre enchérit en désignant Benalla comme « un rabbi Jacob » (sic).
Or, nombreux sont les enfants d’immigrés maghrébins qui portent un prénom du calendrier chrétien. Ce peut être parce qu’ils sont issus d’une famille kabyle chrétienne. Ce peut être aussi parce que leurs parents, bien qu’issus de famille musulmane, n’étaient pas très croyants ou pas très pratiquants, voire athées ou agnostiques, et ont misé sur l’intégration. Ou encore, il peut s’agir de la forme usuelle occidentalisée d’un prénom musulman, par exemple Alexandre pour Ali, de la même manière qu’un Serguei d’origine russe se fera couramment appeler Serge ou qu’un Mojżesz venu de Pologne se fera couramment appeler Maurice.
Physiquement, Alexandre Benalla a un type nord-africain, pas un type juif. Sa coiffure et sa façon de porter la barbe ne suggèrent pas non plus qu’il serait juif. Son parcours non plus, et son sweat à capuche, pas davantage. En outre, on sait qu’il est originaire du quartier de La Madeleine à Évreux, une de ces zones urbaines dites « sensibles » où la violence est endémique.
De plus, il n’est né aucun Benalla en France avant la fin des années soixante, mais il en est né 44 entre 1966 et 1990 (filae.com), et le premier d’entre eux y est vraisemblablement né non pas en 1966, borne inférieure de la période retenue par les statisticiens, mais plutôt dans les années soixante-dix ou quatre-vingt. Cela indique que le nom Benalla n’est pas porté par des Juifs, et même sans disposer de renseignements plus complets sur l’intéressé, il est évident qu’il est issu de l’immigration maghrébine massive qui peuple les quartiers « difficiles ».
Il convient de remarquer également que ceux qui voient en Benalla un Juif sont les mêmes qui approuvaient la condamnation à mort de Serge Atlaoui en lui prêtant, de la même manière, une identité juive, sous prétexte qu’il se prénommait Serge et non Mohammed.
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October 21, 2018, 11:28 am
Qui croit que Gutenberg était juif ? Le politologue pakistanais Farrukh Saleem, par exemple, qui a dressé une liste de personnalités juives dans laquelle il s'est également fourvoyé avec Charles Bronson. Mais il n’est certainement pas le seul. Il y a des gens qui s’imaginent que quiconque porte un nom germanique en « -berg » est juif. Par ailleurs, il existe effectivement des Juifs qui s’appellent Gutenberg.
S’il existe des Juifs qui s’appellent Gutenberg, c’est peut-être parce qu’un de leurs ancêtres s’était choisi ce nom par admiration pour un homme célèbre, comme d’autres choisirent un jour de s’appeler Schiller ou Lessing. Ou bien, c’est peut-être parce que ce nom qui signifie la bonne montagne avait de bonnes chances d’échoir un jour à un Juif, comme une foule d’autres noms du même genre commençant par « Gut- » ou se terminant par « -berg »...
Mais si l’inventeur de l’imprimerie est entré dans l’histoire sous ce nom (autrefois francisé en Gutemberg, voire Guttemberg, de même que son prénom était francisé en Jean), en réalité il ne s’appelait pas Gutenberg.
Il s’appelait Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg. Autant dire que son patronyme était Gensfleisch, et que Gutenberg n’était finalement qu’un surnom.
Son père s’appelair Friele Gensfleisch zur Laden ; sa mère s’appelait Else Wirich.
Gutenberg était issu d'une famille de patriciens. Son père exerçait à Mayence la fonction de maître des monnaies auprès de l'archevêque local. Il est supposé que Gutenberg avait étudié notamment la littérature et la théologie.
Par ailleurs, il semblerait qu'il ait été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale.
En 1465, il fut anobli par l'archevêque de Mayence, Adolphe II de Nassau.
J’ai déjà fait valoir que même si les Goldberg actuels étaient tous juifs (ce qui resterait à prouver), Johann Gottlieb Goldberg ne l’était pas. On admettra que quand bien même tous les Gutenberg actuels seraient juifs, rien n’indique que Johannes Gensfleisch alias Gutenberg aurait pu l’être.
Sources : iletaitunehistoire.com, Wikipedia.
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October 29, 2018, 7:24 am
Soyons clair : je n’ai encore jamais entendu dire que la compagne d’Hitler aurait été juive, mais comme il existe une rumeur stupide selon laquelle elle aurait eu des « origines juives », je me doute qu’entre envisager d’éventuelles et douteuses « origines juives » et affirmer que la personne était juive, certains auront vite fait de franchir le pas.
J’utilise à dessein les guillemets quand j’écris « origines juives », car cette notion est bien vague et sujette à des interprétations plus ou moins fantaisistes. En l’occurrence, de quoi s’agit-il exactement ?
Il existe des Braun juifs. Par ailleurs, une des deux sœurs d’Eva Braun, Ilse, avait été la secrétaire médicale et la maîtresse d’un médecin juif, Martin Marx. Cependant, celle-ci est devenue par la suite la secrétaire du ministre nazi Albert Speer. Quant à la troisième sœur, Gretl, elle avait épousé en premières noces un officier SS.
En 2014, une émission de télévision britannique faisait état d’une analyse d’ADN concernant des cheveux qui « auraient été prélevés » sur une brosse gravée aux initiales d’Eva Braun et récupérée par un capitaine de l’armée américaine au Berghof, la résidence de Hitler dans les Alpes bavaroises.
L’analyse révélait que le génome était porteur d’une séquence particulière appelée N1B1 et « fortement associée » aux Juifs ashkénazes. Naturellement, les médias n’ont pas manqué de relater la chose avec gourmandise. D’un journal à un autre, non seulement on retrouve les mêmes expressions comme par exemple « fortement associée » (ce qui veut dire quoi ?), mais même les phrases sont souvent identiques.
Remarquons aussi que l’analyse d’ADN en question avait été effectuée à la demande des producteurs de l’émission !
Sachant qu’en Allemagne de nombreux Juifs se sont convertis au cours du temps, et notamment au XIXe siècle, d’innombrables Allemands au type germanique peuvent avoir un ancêtre juif si l’on remonte assez loin. Cela pourrait être le cas d’Eva Braun, à supposer que les cheveux en question aient bien été les siens (c’est loin d’être prouvé). Et qu’est-ce que cela changerait ?
On sait que les parents d’Eva Braun étaient des catholiques convaincus et que celle-ci fut élève dans une école catholique, puis passa un an dans un couvent.
En fait, l’idée qu’Hitler aurait pu se mettre en ménage avec une « non aryenne » est déjà assez stupide. Par ailleurs, Eva Braun était forcément au courant de la « solution finale » et cela ne l’aura jamais empêchée de dormir, ni de lier son destin à celui du plus haut responsable de cette folie meurtrière.
Dans le meilleur des cas, la rumeur des « origines juives » d’Eva Braun reflète un goût malsain pour les paradoxes improbables, mais elle peut tout aussi bien participer d’une certaine forme de banalisation du nazisme et de la Shoah (voir mes articles concernant Hitler et d’autres nazis).
Sources : Abbott E., Une histoire des maîtresses, (Fides, Montréal, 2007, p. 306.) ; genealogie.schirrhein-schirrhoffen.fr ; Jew Or Not Jew ; Spartacus, sur Ilse Braun ; Spartacus, sur Gretl Braun ; Wikipedia, sur Eva Braun.
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November 13, 2018, 1:25 am
On sait que Nicolas Sarkozy avait un grand-père juif, et que Cécilia Ciganer-Albeniz avait également un grand-parent juif, son grand-père ou peut-être sa grand-mère, côté paternel. On sait que Carla Bruni a été élevée par le fils d’un Juif. On sait que Jean Sarkozy, un des deux fils de l’ancien président et de sa première épouse, a épousé une Juive. Décidément, autour de Nicolas Sarkozy on trouve des « origines juives » à tous les étages, et cela ne manque pas de faire fantasmer beaucoup de gens.
Ces faits sont amplifiés et déformés à l’extrême, comme souvent dès que le mot « juif » apparaît quelque part ; si bien que certains prêtent une identité juive à la mère de Nicolas Sarkozy, voire au père de Nicolas Sarkozy et à Nicolas Sarkozy lui-même, ainsi qu’à sa deuxième épouse Cécilia– et même, à Jacques Martin– et à sa troisième épouse Carla. Dans ce contexte, il n’est pas vraiment surprenant que l’on puisse même entendre affirmer (cela m’est arrivé) que la première épouse de Nicolas Sarkozy, Marie-Dominique, était juive elle aussi. Jamais deux sans trois !
On peut au moins supposer que cette invention n’émane pas de ceux qui ont fait courir le bruit que Jean Sarkozy se serait converti au judaïsme pour pouvoir épouser Jessica Sebaoun. En effet, si sa mère était été juive, il aurait été juif lui-même. Il est vrai qu’il serait illusoire d’attendre que les auteurs de ce genre de commérages fassent preuve d’un esprit logique.
Quoi qu’il en soit, Marie-Dominique Culioli est née de deux parents corses, Henri Jean-Baptiste Culioli et Rosine Biancarelli, tous deux nés en Corse. Il en était de même du linguiste Antoine Culioli ainsi que d’une homonyme de Marie-Dominique Culioli, décédée en février 2018 à l’âge de 94 ans, dont on peut constater que toute la famille est corse et catholique.
Certes, la première femme de Sarkozy a maintenant une bru juive et des petits-enfants juifs, mais rien n’indique qu’elle pourrait être juive elle-même et tout indique le contraire.
Par ailleurs, des Juifs fantasment sur de prétendues « origines juives » d’une partie du peuple corse, et certains patronymes corses en seraient la preuve : des noms comme Giacobi, Simonetti mais également Biancarelli. Selon un article de Corse-Matin, ce ne serait qu’un mythe. Quoi qu’il en soit, les Corses qui portent ces noms ne sont pas juifs.
Sources : geneanet.org ; lexpress.fr ; dansnoscoeurs.fr ; corsematin.com.
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February 8, 2019, 12:53 pm
Je n’y croyais pas, et pourtant, c’est arrivé : en décembre 2018, sur Facebook, un intervenant, lui-même juif, a déclaré en guise de commentaire, à propos de je ne sais plus quelle publication, que la mère du président Macron était « d’origine juive algérienne ». Plaisantait-il ? Dans tous les cas, il ne semblait pas se prendre trop au sérieux, car lorsque je lui ai porté la contradiction, il a salué ma réponse d’un émoticône souriant.
Emmanuel Macron est cependant, depuis le début de sa campagne électorale, la cible des antisémites : non pas parce qu’on le croit juif, mais parce qu’avant de se lancer dans la politique, il avait occupé un emploi de cadre supérieur au sein de la banque Rothschild & Cie. Comme le révèlent tristement certaines manifestations de rue (ou de rond-point), le nom de Rothschild est toujours associé aux mêmes fantasmes nauséabonds - et ridicules - qu'au temps de Drumont, de Willette ou de Pétain.
Pour en revenir à notre sujet, j’ai déjà fait remarquer que la notion d’origine(s) juive(s) était apparemment très élastique. Quoi qu’il en soit, on ne connaît à Emmanuel Macron aucun ascendant juif, ni du côté maternel, ni du côté paternel.
Le père d’Emmanuel Macron, Jean-Michel, est le fils d’André Macron et de Jacqueline Robertson, elle-même fille de George William Roberson et de Suzanne Leblond, fille d’Eugène Leblond et Alice Tison. Bien évidemment, aucun de ces patronymes ne suggère des « origines juives ».
La mère d'Emmanuel Macron, Françoise Noguès, est la fille de Jean Noguès et Germaine Arribet, elle-même fille d’Ernest Arribet et de Marie-Madeleine Millet, cette dernière ayant eu pour parents Isidore Millet et Sophie Cha. J’ignore d’où vient ce dernier patronyme, mais il ne semble pas qu’il soit porté par des Juifs davantage qu’Arribet, Millet ou Noguès. En outre, comme je l’ai déjà mentionné ailleurs, le prénom Marie-Madeleine fait clairement référence à l’iconographie chrétienne. Inutile de pousser plus loin les recherches.
Sources : geneanet.org ; Wikipedia.
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February 12, 2019, 2:42 am
Marie d’Agoult, qui écrivait sous le nom de plume de Daniel Stern, était la fille d’Alexandre Victor François de Flavigny, un noble français émigré pendant la Révolution, et de Maria Elisabeth Bethmann, laquelle était issue d’une famille de banquiers protestants.
Sur Facebook, une intervenante a affirmé que les Bethmann étaient une famille de Juifs convertis au protestantisme. Cette même personne a également affirmé ce bobard avec aplomb sur son site internet consacré à Marie d’Agoult.
Or, une recherche sur Internet permet de constater que personne, en dehors de cette internaute, n'a jamais fait mention d’une origine juive chez les ascendants de Marie d’Agoult, née Marie Catherine Sophie de Flavigny, éduquée au couvent des Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus et mariée au comte Charles Louis Constant d’Agoult.
La mère de Marie d’Agoult, Maria Elisabeth Bethmann, était la fille de Johann-Philipp Bethmann et de Catharina Margaretha Schaaf.
Johann-Philipp Bethmann était le fils de Simon Moritz Bethmann et d’Elisabeth Thielen, tous deux protestants.
Le père de Catharina Margaretha Schaaf s'appelait Anton Schaaf et sa mère, selon les sources, s'appelait Susana Scheidt ou Susanna von Scheidlin.
Dans ses écrits, Marie d’Agoult nous montre bien que ses ascendants n'étaient absolument pas juifs : « ...ma mère qui, à demi française, avait perdu à l’égard des juifs, comme à tant d’autres égards, l’âpreté des préjugés francfortois... »
Autre exemple, cette réaction de la grand-mère maternelle de Marie d’Agoult, Catharina Margaretha Schaaf, apprenant par son fils, l’oncle de Marie d’Agoult, que celui-ci et son épouse avaient reçu la visite d’Amschel Rothschild à l’occasion de la naissance de leur fils :
« Il n’avait pas prévu le soulèvement d’indignation qu’il provoqua. Quoi ! Ce malheureux fils de juif allait venir en sa maison, il allait entrer dans la chambre de sa belle-fille, toucher de ses mains, peut-être, le berceau chrétien de son petit-fils ! Cette pensée la mettait hors d’elle-même, et il ne fallut rien de moins que l’accord de toute la famille pour la réduire à supporter ce changement des temps et cette incroyable diminution de la fierté chrétienne dans sa propre famille ! »
Marie d’Agoult était donc la petite-fille d’une antisémite. Quant à sa fille Cosima, elle allait épouser successivement deux antisémites, d’abord Hans von Bülow, puis Richard Wagner, et devenir la belle-mère de l’ignoble nazie Winifred Wagner.
Sources : Marie d’Agoult, Mes Souvenirs (publié sous le nom de Daniel Stern) ; ibid.; geneanet.org ; Wikipedia, sur Marie d'Agoult et sur les Bethmann.
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February 18, 2019, 12:30 am
Dans une interview accordée au journaliste John Rockwell, du New York Times, au milieu des années quatre-vingt-dix, Hélène Grimaud aurait déclaré que son père descendait de Juifs séfarades d’Afrique du Nord et que les ancêtres de sa mère étaient « des Juifs berbères corses ». Ses parents se seraient appelés Grimaldi et auraient francisé leur nom avant sa naissance.
Naturellement, ces fadaises n’ont pas manqué d’être reproduites ici et là, entre autres par Wikipedia qui les a reprises du site internet américain Musician’s Guide en ajoutant que la belle pianiste blonde aux yeux bleus descendrait de « Juifs algériens » du côté de son père.
Ou bien il a pris un jour à Hélène Grimaud la fantaisie de s’inventer une ascendance juive, sans doute pour se payer la tête du journaliste qui l’interviewait, ou bien c’est le journaliste qui a tout inventé.
Et cependant, il n’en aura pas fallu davantage pour que des fanatiques de la « cause palestinienne » se mettent à perturber ses concerts !
Dans son livre autobiographique Variations sauvages (Robert Laffont, 2003), Hélène Grimaud mentionne à deux reprises les cours de catéchisme qu’elle a suivis dans son enfance.
Son père, Claude Grimaud, est le fils de Clair Joseph Jean Grimaud et de Raymonde Cazarrelly. Clair Joseph Jean Grimaud était le fils de Jean-Baptiste Philippe Grimaud et de Joséphine Marie Jourgan. Jean-Baptiste Grimaud était lui-même le fils de Jacques Baptistin Grimaud. Quand on remonte l’arbre généalogique de la pianiste jusqu’au XVIIe siècle, côté paternel, le nom Grimaud est toujours présent, et les conjoints des Grimaud portent également des noms à consonance française. Nulle trace de Grimaldi, ni de noms juifs, séfarades ou autres, et nulle trace de l’Algérie ni de l’Afrique du Nord.
La mère d’Hélène Grimaud, Josette Cirelli, née en Corse, est la fille d’Antoine Cirelli et de Pauline Bartoli, tous deux corses. La belle pianiste précise dans son livre (ibid.) que sa mère, qui est corse, vient d’un petit village de montagne, Olmo. Bartoli est aussi le nom de la mère de la chanteuse Jenifer dont les ascendants sont juifs du côté du père, Michel Dadouche, mais pas de la mère, Christine (eh, oui) Bartoli, d’origine corse. À propos de la légende des Corses qui seraient d’origine juive, voir le dernier paragraphe de mon article sur Marie-Dominique Culioli.
Sources : Hélène Grimaud, Variations sauvages (Robert Laffont, 2003) ; Genealogie Magazine ; geneanet.org ; Last Night in Orient (blog sur la musique arabe) ; New York Times ; Wikipedia.
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Comme je l’ai déjà évoqué précédemment, un camarade d’études, lui-même juif, prêtait une identité juive à un certain nombre de personnalités : Georges Bizet, Gustave Eiffel, le Colonel Fabien, le baron Haussmann, Jean Jaurès… et Lio, alors connue comme chanteuse, notamment pour sa chanson sur les brunes.
Pour cette seule raison ? Ou bien, en raison de son nom (voir ci-dessous) ? Allez savoir. Je l’ai suffisamment montré, il n’y a aucune rationalité à chercher dès lors que la personnalité juive est attribuée, de façon fantasmatique, à telle ou telle célébrité.
Lio, de son vrai nom Vanda Maria Ribeiro Furtado Tavares de Vasconcelos, est née le 17 juin 1962 à Mangualde au Portugal. Elle est la fille de Fernando Tavares de Vasconcelos, un officier issu d’une des plus grandes familles de l’aristocratie portugaise, les Vasconcelos, connue pour avoir servi au Mozambique lors des guerres coloniales salazaristes contre l’indépendance de l’empire portugais.
Sa mère était également portugaise. Elle s’appelait Helena Ribeiro Furtado et était la fille de Dino Furtado et d’Otilia Ribeiro Da Cruz.
Il est relativement improbable, à notre époque, qu’une Portugaise soit juive. La seule partie de son état-civil qui suggère une origine juive est le nom Furtado. Abraham Furtado, au XVIIIe siècle, était issu d’une famille juive, mais la plupart des Furtado actuels ne sont pas juifs du tout, même si ce nom laisse penser que certains de leurs ancêtres l’ont été. Plus généralement, rien de ce que l’on sait de Lio ne nous indique qu’elle serait juive. On peut juste supposer que certains de ses ancêtres, il y a deux siècles, du côté du père de sa mère, étaient juifs ou marranes.
Dans une interview, Lio a déclaré qu’elle aimerait « donner deux baffes au Pape à cause de sa position sur les préservatifs » (sic), ce qui laisse penser qu’elle est de confession catholique. En effet, une Juive ne se soucierait pas autant de la position du pape sur ce sujet, ni sur n’importe quel sujet de manière générale.
Sources : geneanet.org ; parismatch.com ; Wikipedia.
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« Je me vois peu, mais je ne me vois pas [n]oir. En tout cas, je ne me qualifie pas comme tel, en général. Je suis d'abord un homme, un fils, un frère, un mari et un père, un citoyen, un journaliste, un passionné et… oui, oui, c'est vrai, je suis noir. La République, son slogan et ses lois parviennent, la plupart du temps, à me le faire oublier. »
- Harry Roselmack (www.ozap.com)
Sachant jusqu’où peut aller l’irrationalité dès qu’on parle des Juifs, on n’est même plus surpris d’apprendre que le journaliste et animateur de télévision Harry Roselmack passe pour juif chez des crétins incultes et aigris comme il en pullule sur l’Internet. Voici ce qu’on peut lire sur Yahoo (questions/réponses) :
« La judaïcité de Harry Roselmack influence-t-elle sa vision de l’Islam ? » (sic)
On aurait pu imaginer un rapprochement phonétique intempestif entre Roselmack et des noms en « Rosen- » comme par exemple Rosenmann. Mais apparemment, il s’agit d’autre chose :
« Monsieur Roselmack, Juif [a]shkénaze par sa mère, fait un reportage sur l’Islam… l’objectivité d’un tel travail semble une évidence à TF1… » (re-sic)
Ainsi donc, si ce que dit ou écrit Harry Roselmack n’est pas flatteur pour l’islam, il n’y a qu’une explication : c’est parce qu’il est juif !
Remarquons, au passage, ce qu’implique un tel propos, digne d’un Bruno Gollnisch : un journaliste pourrait donc faire preuve d’objectivité s’il est catholique, protestant, musulman, noir, asiatique, communiste, anarchiste, corse, homosexuel ou que sais-je… mais pas s’il est juif.
J’ignore quelle vision Harry Roselmack peut avoir de l’islam, et je m’en moque. Toujours est-il qu’il n’est évidemment pas plus juif que le prince héritier d’Arabie Saoudite ou le Premier ministre japonais.
Harry Roselmack est le fils d’un CRS et d’une employée de La Poste, tous deux martiniquais. Le nom de jeune fille de sa mère est Boungo : pas très ashkénaze, comme nom. Par ailleurs, sa femme est également d’origine martiniquaise par ses deux parents.
Pour faire l’objet de propos racistes anti-juifs, nul besoin d’être juif. On peut être français de souche et catholique (comme Geneviève de Fontenay), anglais et protestant (comme Charles Darwin), ou même, arabe et musulman (comme Mouammar Kadhafi). Ou bien, on peut être noir et d’origine antillaise par ses deux parents. Gageons que si des extraterrestres débarquaient un jour sur Terre, il se trouverait des abrutis pour affirmer qu’ils sont juifs.
Sources : lesechos.fr ; femmeactuelle.fr.
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Des gens mal inspirés ont cru pouvoir affirmer que ce présentateur de télévision était juif. Pour quelle mauvaise raison ? À part son prénom, je ne vois pas.
David était certes un fameux roi d’Israël, mais ce prénom fait bien entendu partie du calendrier chrétien. S’il est évidemment prisé chez des Juifs, il est tout aussi bien porté par des antisémites fanatiques comme David Duke ou David Irving (et pas seulement dans les milieux protestants anglo-saxons).
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Les Redon nés entre 1891 et 1915 |
Certes, comme on a pu le voir à propos de Kad Merad, il y a chez certains déficients mentaux le présupposé selon lequel la plupart des personnalités du petit écran seraint des Juifs. Partant de là, même Harry Roselmack peut être juif. Et pourquoi pas Rockaya Diallo, aussi ?
David Pujadas est né à Barcelone d'un père espagnol, Rosendo Pujadas, et d'une mère française, Françoise Redon. Avant de devenir traducteur, son père avait arrêté l'école à 13 ans pour travailler sur les marchés. La famille s’est installée en France peu après la naissance de l’intéressé.
Le patronyme de sa mère, Redon, dérive du vieux français. Les prénoms les plus courants chez les Redon sont Jean, Marie, Pierre, Jeanne… à comparer avec les prénoms les plus courants chez les Lévi, par exemple, qui sont Joseph, Abraham, Isaac, Sara…
Le nom Pujadas n’indique pas davantage des origines juives.
Le 11 février 2016, Gilles Taïeb, un notable juif, a accusé David Pujadas d'avoir illégalement incité au boycott d'Israël par le biais de la diffusion, la veille, d’un reportage très tendancieux. Roger Cukierman, président du CRIF, a repris cette accusation dans un courrier adressé à la présidente de France Télévisions.
Ce n’était pas la première fois que David Pujadas se faisait le chantre d’une ignoble propagande contre Israël.
Au risque de me répéter : à part son prénom, je ne vois pas. Vraiment pas.
Sources : filae.com ; geneanet.org ; Wikipedia.
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Je ne suis pas sûr d’avoir déjà eu connaissance une seule fois dans ma vie d’une liste de personnalités juives qui n’aurait comporté aucune erreur.
Ainsi, par exemple, sur un site internet qui prétend recenser des célébrités juives, Romy Schneider est présentée comme « Juive ashkénaze ». Aurait-elle joué le rôle d'une Juive dans un film ?
Ou bien, serait-ce parce que le nom Schneider est quelque fois porté par des Juifs ?
Voici quelques faits qui nous permettront aisément de juger si Romy Schneider a sa place parmi les « célébrités juives » :
1. Romy Schneider s’appelait en réalité Rosemarie Magdalena Albach.
2. Ses parents l’avaient fait baptiser.
3. Ses parents, Magda Schneider et Wolf Albach, s’étaient mariés en 1937 à Berlin.
4. Le père de Magda Schneider, se prénommait Franz Xaverius (C’est-à-dire François-Xavier, un prénom typiquement chrétien).
5. En 1938, les parents de Romy avaient emménagé à Schönau am Königssee, près de Berchtesgaden. Le chalet d'Adolf Hitler, à vingt kilomètres par la route mais à quelque six cent mètres à vol d’oiseau, était visible de l'autre côté de la vallée.
6. En 1944, Romy est entrée à l’école primaire de Berchtesgaden.
7. De 1949 à 1953, elle a été pensionnaire d’une institution religieuse catholique, en Autriche.
8. Sa grand-mère maternelle, Maria Schneider, née Meier-Hörmann, avait rencontré Hitler et fréquenté son cercle.
9. Dans son enfance, Romy Schneider avait joué avec les enfants du nazi Martin Bormann, qui était un proche de sa mère.
10. La mère de l’actrice, Magda Albach, née Schneider, avait été exemptée d'impôt par le ministère de Propagande nazi.
11. Après la guerre, celle-ci a dû interrompre son activité professionnelle à cause de ses accointances avec le régime nazi.
12. Romy Schneider a déclaré en 1976 : « Je crois que ma mère avait une relation avec Hitler ».
Il est bien connu que la belle actrice germano-autrichienne a toujours cherché à s’affranchir du passé très sulfureux de sa famille. C’est, bien entendu, ce qui explique qu’elle ait donné à ses enfants des prénoms d'origine hébraïque, David et Sarah.
Sources : Wikipedia.
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Qui donc m’avait dit un jour que Sabine Azéma était juive ? Peu importe, car le présent article trouve une autre justification, s’il en était besoin : sur un site internet algérien conspirationniste intitulé « Ces Juifs qui dominent la France » (sic), on trouve inévitablement, parmi un certain nombre d’autres personnalités erronément étiquetées comme juives, la mention suivante : « AZEMA, Sabine. Actrice. »
Certes, quand on connaît peu de choses sur les noms et leur origine, on peut s’imaginer qu’un patronyme comme Azéma indique des origines juives.
Pourtant, un certain Jean-Baptiste Azéma a été, il y a longtemps, gouverneur de l'île de la Réunion. Il était peu vraisemblable, à cette époque, qu’un Juif puisse accéder à un tel poste, et il était encore moins vraisemblable qu’un Juif puisse se prénommer Jean-Baptiste. En outre, un de ses descendants, Jean-Henri Azéma, a été collaborateur pendant la Seconde Guerre mondiale.
En effet, Azéma n’est pas du tout un nom suggérant une appartenance au peuple juif. C’est un nom de famille du midi de la France, et comme le montre la carte ci-contre, les naissances sous ce nom, depuis plus d'un siècle, sont très nettement localisées dans la région des Pyrénées orientales.
D’après les généalogistes, Azéma serait la forme méridionale d’un nom de baptême et patronyme dérivé des racines germaniques ade qui signifiait noble, et mar, qui signifiait célèbre. Les variantes de ce nom sont notamment Adhémar et Azémar.
La mère de Sabine Azéma s’appelait Odile Caziot, sa grand-mère s’appelait Louise Marie Josèphe du Hecquet, et son arrière-grand-mère, Rose Marie Louise Gogot. Entre Odile, Louise Marie et Marie Louise, nous n’avons vraiment pas grand chose de juif, et très franchement, des patronymes comme Caziot, Gogot et du Hecquet ne suggèrent pas davantage une filiation d'origine israélite.
Sources : FILAE ; Geneanet ; Wikipedia.
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Dans une lettre ouverte au président Macron sur le thème de la « question juive » (sic), l’écrivain malien Ismaël Diadié Haidara écrit imprudemment que la mère de son confrère français Patrick Modiano était « d’origine juive » et plus précisément, qu’elle était originaire de la communauté juive de Salonique.
Or, certains ont dit que Louisa Colpeyn, de son vrai nom Louisa Colpijn, était moitié hongroise et moitié belge. Se seraient-ils fondés sur des sources moins fiables que l’écrivain natif de Tombouctou ? Ou sur des sources plus fiables ? Ou aussi peu fiables ?
Selon les mots de son propre fils Patrick Modiano, Louisa Colpeyn était « tout à fait flamande » (on notera que son prénom est aussi orthographié Luisa).
Outre que Colpijn n’est pas du tout un nom séfarade, ni même un nom porté par des Juifs de façon générale, je suis tenté de supposer que Patrick Modiano est le mieux placé pour savoir quelles étaient les origines de sa propre mère.
Ajoutons que, contrairement à son mari Albert Modiano, d’origine juive du côté paternel mais peut-être pas du côté maternel, l’actrice belge n’avait nullement été inquiétée en 1942 en Belgique occupée, et pas davantage à Paris où elle était allée s’installer cette même année et où elle allait faire sa connaissance.
On pourra aisément comprendre que j’envisage, au moment où ces lignes sont écrites, de traiter aussi sur ce blog, un jour où l’autre, le cas de Patrick Modiano lui-même.
Sources : Le Réseau Modiano ; Wikipedia.
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Sur Facebook, le 28 mai 2019, quelqu’un, sans doute pour justifier l’engagement de maître Gilbert Collard en faveur d’Israël, avait cru pouvoir préciser que la femme de celui-ci était juive. Sur quoi se fondait-il pour affirmer une chose pareille, on se le demande bien.
Anne-Marie Autard, épouse Collard, élue en 2016 conseillère régionale de la région « Languedoc Roussillon Midi Pyrénées » pour le Groupe « Front National - Rassemblement Bleu Marine », est la fille de Pierre Autard et d’Anna Marie Berenguier, tous deux marseillais.
Autard n’est évidemment pas un patronyme porté par des Juifs, ce que confirme l’examen des prénoms des Autard dans les registres de mariage de la ville de Marseille (GénéProvence). Déjà, le prénom qui apparaît en tête de liste est Jean-Baptiste, ce qui est évidemment un signe. Le reste est à l’avenant : Jean Noël, François Xavier Benoît, Louis Esprit, Marie Thérèse, etc.
Le nom de famille Berenguier n’indique pas davantage une origine juive. Il suffit, pour s’en convaincre (s’il en était vraiment besoin), de constater la très forte concentration du nombre de naissances sous ce patronyme dans le département du Var, par rapport à tout le reste de la France métropolitaine, entre 1891 et 1965 et même sur une période plus récente (filae.com).
Ajoutons, pour faire bonne mesure, qu’Anne-Marie Autard a reçu quasiment le même prénom que sa mère (à ce propos, voir mes articles précédents).
L’affirmation de notre internaute sur Facebook ne repose évidemment sur rien du tout, elle est aussi fantaisiste que gratuite.
Sources : geneanet.org ; GénéProvence ; filale.com ; herault-tribune.com.
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Le public a été surpris d’apprendre que sa mère était juive et qu’il était lui-même « juif à partir de la taille ». – Brian Blondy, Julio Iglesias charms in Tel Aviv, Jerusalem Post (9 septembre 2009).
En avril 2019, quelqu’un a publié sur Facebook un lien vers une page du site « Juifs célèbres » consacrée à Julio Iglesias, datant de 2009. En visite en Israël, celui-ci aurait déclaré que sa mère était juive. Naturellement, quelqu’un a aussitôt publié ce commentaire : « Je ne savais pas qu’il était juif ! »
Que signifie « être juif à partir de la taille » ? Pour en avoir une idée, imaginons un instant que quelqu’un se dise « arabe à partir de la taille », « japonais à partir de la taille » ou « musulman à partir de la taille » : et ses jambes, elles seraient quoi ? Cela n’a évidemment aucun sens.
D’après la version espagnole de Wikipedia, Julio Iglesias aurait affirmé être « partiellement juif » du côté de sa mère, alors même qu’on ne lui trouve aucun ascendant juif du côté maternel. Quant à la version française, elle reprend une mauvaise traduction de l’espagnol.
Qui est plus fiable, un blogueur juif français qui vante les contributions des Juifs à l’humanité, ou un rédacteur espagnol qui se donne la peine d’écrire une note biographique sur Julio Iglesias ?
Et quel crédit accorder aux déclarations de l’intéressé ? La pianiste Hélène Grimaud, par exemple, aurait elle-même affirmé être d’origine juive par ses deux parents, alors qu’il n’en est absolument rien (liremon articleà son sujet).
Le site américain Jew Or Not Jew attribue à Julio Iglesias la mention Barely a Jew, que l’on peut traduire par « à peine juif » ou « quasiment pas juif » et le score 7/15, décomposé comme suit : 2/5 pour les origines, 1/5 pour la ressemblance et 4/5 pour l’envie de pouvoir le considérer comme juif.
Julio Iglesias de la Cueva est le fils de Julio Iglesias Puga et de María del Rosario de la Cueva. On remarquera qu’il a reçu le même prénom que son père, ce qui est absolument contraire aux us et coutumes des Juifs, mais surtout, que le prénom de sa mère, María del Rosario (Marie du rosaire), indique on ne peut plus clairement qu’elle est issue d’une famille fortement attachée à la tradition catholique.
Sources : Geni ; Jew Or Not Jew ; Wikipedia (es.).
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Je suis une mère absolue, une mère juive, une mère infernale, mais je fais tous les efforts pour me mettre en retrait quand il le faut.— Isabelle Adjani, Purepeople.
Le bobard selon lequel Isabelle Adjani serait juive est bien évidemment colporté par des « conspis » de la toile, des détraqués primaires qui cherchent à se convaincre et à convaincre quiconque les écoute que les Juifs sont un peuple malfaisant qui infiltre tous les milieux en vue de dominer le monde.
Pourtant, la célèbre actrice — dont on voit mal où serait le côté malfaisant — avait déclaré un jour qu’il lui était probablement arrivé de refuser d’interpréter le rôle d’une Juive au cinéma par une sorte de « solidarité aveugle » avec son père.
Son père, un Français originaire de Constantine, en Algérie, s’appelait Mohammed Chérif Adjani et son grand-père s’appelait Saïd Hadjami (donc, Hadjami est devenu Adjani). Sa mère, allemande et bavaroise, s’appelait Augusta Emma Schweinberger. À propos des noms en « -berger », voir mon article sur Dominique Bromberger.
« Ma mère était bavaroise. Elle se sentait très mal dans un pays où elle était arrivée sans parler un mot de français, et ne supportait pas que son mari soit algérien. Elle disait qu’il était d’origine turque et je le croyais. Entre mes parents, il y avait un racisme conjugal. Ma mère traitait mon père de « Crouille » et lui répondait : « Sale Boche ! » Il s’appelait Mohammed, mais ma mère l’avait obligé à changer de prénom. Sur notre boîte aux lettres, il y avait : « Chérif Adjani ». Ma mère trouvait que ça faisait américain. » (interview pour le Nouvel Observateur, 1985).
« Ma mère [...] était allemande et a été emmenée, presque enlevée, quand elle avait vingt-cinq ans, par mon père qui était algérien et qui en avait dix-huit. [...] Il l’a convaincue de le suivre, s’est fait menaçant pour arriver à ses fins... Elle était une otage, une otage qui n’a pas pu pardonner à son ravisseur [...] » (dans les Inrocks, citée par Closer).
L’actrice porte sur elle l’empreinte de cette mésentente fondamentale, explique France-Dimanche, puisque son prénom, Isabelle, est le témoin d’un combat que son père avait perdu : « Il aurait voulu m’appeler Yasmine, mais elle a refusé. Et il a obéi ».
Sources : Algérie 7 ; Closer ; Gala ; France-Dimanche ; Wikipedia.
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C’est dans le contexte de l’organisation d’une exposition de tableaux de l’École de Paris que j’avais eu connaissance du trio de commissaires-priseurs Ader, Picard et Tajan.
Sachant que le nom Picard est parfois porté par des Juifs, et sachant que cette société de ventes aux enchères s’occupait, entre autres, de vendre des tableaux de peintres juifs, on a vite fait de fantasmer sur les trois noms qui précèdent... et sans doute plus particulièrement sur le nom Ader. C’est ainsi qu’on m’avait dit un jour que les Ader étaient des Juifs (voir aussi mon article sur Clément Ader). Paradoxalement, c’est dans un restaurant juif de la rue des Rosiers qu’un petit-neveu d’Etienne Ader, dont il portait également le patronyme, m’avait détrompé.
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D. Garfinkiel : Le Porteur d'eau |
Etienne Jean Yves Marie Ader était le fils de Jean Ader et d’Alice Guérin. Outre que Guérin n’est pas un nom porté par des Juifs et que le deuxième prénom de l’intéressé était celui de son père, le prénom Marie, comme je l’ai déjà expliqué à propos d’Alain Juppé, ne peut pas figurer dans l’état-civil d’un Juif : à la fois parce que c’est un prénom féminin, et parce que ce prénom fait évidemment référence à la mère de Jésus-Christ.
Durant la Seconde Guerre mondiale, selon un article de Jean Dutour paru dans le quotidien Action en 1945, « Maître Etienne Ader avait fait de l’Hôtel Drouot un véritable salon franco-nazi » :
[…] Les nouveautés sont à trouver dans le chapitre sur l’Hôtel Drouot dont l’accès est interdit aux Juifs en 1941. Les noms des commissaires-priseurs Etienne Ader, Alphonse Bellier et Henri Baudoin et des experts André Schoeller et Martin Fabiani reviennent souvent, même dans les cas de ventes sur ordonnance de « biens israélites » comme ceux d’Alphonse Kann, Elie Fabius, Jos. Hessel et du stock de la galerie Bernheim-Jeune. […] (Guy Boyer)
À la fin des années soixante-dix, Etienne Ader cédait sa charge à son fils Rémi Ader, lequel n’était pas plus juif que son père mais allait être rejoint par maître David Nordmann en 2004, avant de céder ses parts à maître Xavier Dominique. Aujourd’hui ce n’est plus Ader, Picard & Tajan mais Ader, Nordmann & Dominique.
Sources : ader-paris.fr (Ader, Nordmann & Dominique) ; Connaissance des arts ; geneanet.org ; Marcel & Simone.
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Comme je l’ai mentionné dans mon article précédent, des gens s’étaient imaginé, sans doute en raison des ventes d’œuvres d’artistes juifs de l’École de Paris, que les trois associés de l’étude de commissaires-priseurs Ader, Picard & Tajan, à savoir Étienne Ader, Jean-Louis Picard et Jacques Tajan, étaient juifs.
Un jour, dans un restaurant juif de la rue des Rosiers, je m’étais retrouvéattablé avec trois jeunes hommes que je ne connaissais pas, et l’un d’entre eux m’avait déclaré être le petit-neveu d’Étienne Ader – ou peut-être, le neveu du fils de celui-ci, Rémi Ader.
C’était au début des années quatre-vingt-dix.
Le paradoxe de cette situation est que, comme ce jeune homme me l’avait précisé, les Ader n’étaient pas juifs… et Jacques Tajan non plus. Qu’en était-il de Jean-Louis Picard ? Ma mémoire n’a pas tout retenu, mais même s’il existe des Juifs qui s’appellent Picard, il est certain qu’une grande majorité des Français qui portent ce nom ne sont pas juifs et ne l’ont jamais été.
Par ailleurs, en raison d’incompatibilités entre les trois associés, la société allait être dissoute très peu de temps plus tard. Jean-Louis Picard, Jacques Tajan et Rémi Ader, héritier de son père Etienne Ader, allaient dès lors poursuivre leurs activités chacun de son côté.
Pour en revenir à Jacques Tajan, dont il est question ici, son nom, bien que se terminant comme Darbarjan, Karajan et Sabouridjan, n’est pas d’origine étrangère. C’est un nom apparenté à Tajean ou bien à Taillant, et c’est le nom d’une commune de France, dans les Hautes-Pyrénées. Dans tous les cas, c’est de cet endroit, les Hautes-Pyrénées, que les Tajan sont originaires, et non pas de l’Est du bassin méditerranéen, ni d’Iran, ni d’Arménie... ni de je ne sais où encore.
Sources : ader-paris.fr (Ader, Nordmann & Dominique) ; filae.com ; Geneanet (sur le patronyme Tajan) ; Geneanet (sur les prénoms des Tajan) ; geopatronyme.com ; Google Map (commune de Tajan) ; Wikipedia (sur Ader-Nordmann) ; Wikipedia (sur Jacques Tajan).
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