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Channel: Les Juifs qui ne le sont pas
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Hardies sont ces allégations sur Ardisson !

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Une fois de plus, c’est sur Facebook que j’ai pu lire, à croire une internaute, juive elle-même, que Thierry Ardisson serait juif. J’ai lu ensuite qu’il aurait évoqué des origines juives algériennes. Naturellement, cette rumeur est aussi propagée par les sites antisémites que l’on sait.

Un notable et chroniqueur juif, Jean Corcos, dénonce dans la presse juive et sur son blog le conspirationnisme antisémite :

Il aura suffi d'un mot...
[T]ous les jours, je note entre 15 et 20 % (parfois beaucoup plus quand ces noms reviennent en « tête de gondole » de l’actualité) de recherches associant le mot « juif » à :
- François Hollande ;
- Patrick Sabatier ;
- Thierry Ardisson ;
- Jean-Marc Morandini ;
- et deux personnalités d’origine musulmane, Roschdy Zem et Rachida Dati ! […]


Jean Corcos précise, à propos de Thierry Ardisson :

[…] les innombrables visiteurs s’interrogeant sur son imaginaire judaïté viennent en raison d’un article vieux déjà de trois ans, et où le mot « juif » était joint à son patronyme.

Passons sur le fait qu’Ardisson ait invité un jour Dieudonné sur son plateau pour présenter son spectacle antisémite, ainsi que Thierry Meyssan pour promouvoir son livre négationniste. Passons également sur le fait que ses épouses successives, Béatrice Loustalan et Audrey Crespo-Mara, ne sont pas juives et que sa première épouse se prénommait Christiane. Passons aussi sur ses convictions royalistes.

Plus important pour ce qui nous occupe : « Issu d'une vieille famille du Comté de Nice, mais né dans la Creuse, le 6 janvier 1949, Thierry, Pierre, Clément Ardisson est le fils de Victor Ardisson, ingénieur catholique, et de Juliette, Renée, Ardisson, née Gastinel […] » (Night Life)

Bien entendu, Gastinel, comme nom de famille, n’est pas plus juif qu’Ardisson.


Sources : Night Life ; rencontrejudaïquesfm (blog de Jean Corcos) ; Wikipedia.

Yann Moix n’est pas le Juif du mois

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Depuis le temps que je me sens juif, il serait temps que je le devienne. – Yann Moix, Tribune juive.

C’est une fois de plus sur Facebook que j’ai pu lire une affirmation, de la part d’une internaute juive elle-même, selon laquelle Yann Moix, sans être juif par sa naissance, le serait devenu.

Le Moix à venir ?
La réalité est que Yann Moix déclare lui-même vouloir devenir juif, mais qu’à ce jour, il est loin d’avoir réalisé ce vœu. Il affirme également que sa famille descend des marranes, mais c’est le cas de nombreux Français et de nombreux Espagnols qui ne sont pas juifs pour autant.

Le site internet intitulé « Juifs célèbres », auquel j’ai déjà fait référence, fait évidemment grand cas de Yann Moix, et l’administrateur cite une petite partie des excentricités verbales du personnage sur ce sujet, puisées dans Tribune juive. En fait, il trie sur le volet les déclarations qui peuvent laisser penser que Moix est juif, et s’abstient soigneusement de citer le reste, notamment celles qui montrent qu’il ne l’est pas. Comblons donc cette lacune :

Je suis en train de devenir juif. Tranquillement, sincèrement : à mon rythme.

[...] Je ne sais pas si je me sens juif, ou si je sens que je le suis.

[...] Je me connais : je n’aurais pas supporté d’être juif en naissant. Je n’aurais pas supporté qu’on me demande d’être ce que je préfère en réalité devenir. Alors je suis en train de devenir ce que d’autres ont toujours été. Certains sont totalement juifs le jour où ils naissent, peut-être que je serai totalement juif le jour où je mourrai. J’ai tout mon temps.


Je ne souhaite pas prendre part aux polémiques qui ont cours sur le personnage à l’heure ou ces lignes sont écrites. Je crois savoir que Yann Moix a sans doute déjà beaucoup lu et étudié (mais sans doute pas assez encore, à en juger par sa mentalité présente), et participé à des repas et à des cérémonies. Il demeure qu’il n’a pas encore accompli ce que signifie devenir juif pour quiconque n’est pas né juif : préparer et réussir une conversion en bonne et due forme, validée par une autorité rabbinique.

Tout le reste n’est que bavardage.


Sources : Tribune juive.

Pour Ève Ruggieri, vous saviez ?

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Au cours d’un dîner, Myriam Revault d’Allones a raconté une scène qu’elle avait vécue récemment, digne des meilleurs films comiques. Dans la synagogue de la rue de la Victoire, à Paris, lors de la célébration du nouvel an juif, elle avait été assaillie par tout un groupe de femmes qui l’avaient prise pour Ève Ruggieri :

« Ève Ruggieri ! C’est Ève Ruggieri ! »

Myriam Revault d'Allones
Certaines avaient peut-être déjà vu la philosophe et politologue sur le petit écran et avaient gardé la mémoire de son visage, et cela avait probablement contribué à la méprise.

Or, Myriam Revault d’Allones avait beau protester (« Mais je ne suis pas Ève Ruggieri ! »), personne ne voulait l’entendre, et les admiratrices continuaient de plus belle : « Ève Ruggieri ! »… « Je ne savais pas que vous étiez juive ! » Etc.

Ève Ruggieri
Pour échapper au tumulte et retrouver un peu de tranquillité, Myriam Revault d’Allones n’avait pas eu d’autre possibilité que de prendre la fuite !

À coup sûr, le soir même et dans les jours qui ont suivi, on a pu entendre dans certaines familles des propos de ce genre : « Vous saviez qu’Ève Ruggieri était juive ? Si, si, je l’ai vue à la synagogue, et il y avait un tas d’admiratrices autour d’elle ! »

Ève Marie France Augustin-Henrot, épouse Ruggieri, est née à Limoges. Son père, Jean Augustin, était le fils de Jean Georges Fernand Augustin et de Maria-Stéphanie Héritier. Sa mère, Marie-Paule Boussely, fille de Firmin Boussely et de Marguerite Chabassier, n’avait pas tardé à se remarier avec un certain Lucien Henrot, qui est devenu son père adoptif. La célèbre présentatrice porte le nom de son premier mari, François Ruggieri.


Sources : geneanet.org ; Wikipedia.

Il ne m’aurait pas plu que Morandini soit juif

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En 2009, le notable juif et chroniqueur Jean Corcos citait Jean-Marc Morandini parmi les personnalités qu’un certain nombre de visiteurs de son blog considèrent comme juives ou susceptibles de l’être. Parmi les autres personnalités concernées, il y avait Thierry Ardisson, Rachida Dati, François Hollande et Patrick Sabatier.

En, 2012, sur le site internet (The) Huffington Post, le journaliste Guillaume Erner retenait l’exemple de Jean-Marc Morandini pour caractériser ce phénomène, et concluait : « En cherchant à savoir qui est juif, ces internautes ne se renseignent pas sur Jean-Marc Morandini, ils nous renseignent sur eux-mêmes. »

Francesco Morandini,
crucifixion, 1580

Ceci explique que je me sois renseigné sur Jean-Marc Morandini. Jusqu’ici, je ne m’étais jamais intéressé ni à ce monsieur ni à ses émissions, et je ne crois pas devoir m’y intéresser davantage dans l’avenir. La seule fois où je me rappelle lui avoir accordé par inadvertance quelques instants d’attention, c’était au moment où il déclarait, sur son plateau, que « l’islam est une grande religion » et que « la charia n’en fait pas partie ».

Par ailleurs, il semble que cet éminent spécialiste des religions soit extrêmement secret concernant sa vie privée.

On sait tout de même que Morandini est un patronyme italien et corse, et que l’intéressé est effectivement né d’un père corse et d’une mère sarde. Rien ne laisse penser qu’ils serait plus juif que Thierry Ardisson, Rachida Dati, François Hollande ou Patrick Sabatier.


Sources : Closer ; blog de Jean Corcos ; Huffington Post ; Wikipedia, sur Jean-Marc Morandini et sur le patronyme Morandini.

On aura beau se leurrer sur Bolloré...

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Le jour où j’avais vu le nom de Vincent Bolloré sur une prétendue liste de Juifs, laquelle était publiée sur la base des motivations que l’on devine, il m’avait paru évident qu’il s’agissait une fois de plus d’une absurdité, comme dans le cas de Pierre Bergé, de Martin Bouygues, de Geneviève de Fontenay ou d’Élisabeth Guigou, pour ne citer que quelques exemples.

Vincent Bolloré est issu d’une famille d'industriels bretons. Il est fils de Michel Bolloré et de Monique Follot, et ces deux patronymes ne suggèrent absolument pas une ascendance juive.

Bon, alors, Bolloré ?

Or, il s’avère que la grand-mère maternelle de Vincent Bolloré, l’épouse de son grand-père maternel Henri Émile Follot, s’appelait Nicole Goldschmidt, et qu’elle était juive.

Selon la loi juive, « est juif quiconque est né de mère juive ». Si l’on applique cette règle à la lettre, ou peut-être plus exactement à la manière d’une loi mathématique, alors la mère de Vincent Bolloré était juive, et par voie de conséquence, l’intéressé l’est aussi.

On connaît des exemples de personnes revendiquant leur identité juive après avoir appris que leur grand-mère maternelle était juive, alors même que leurs trois autres grands-parents ne l’étaient pas.

Il semble que Vincent Bolloré ait été très attaché à sa grand-mère maternelle, cependant, outre qu’il est né de deux parents catholiques, il est lui-même devenu catholique pratiquant.

À Jean-Marie Lustiger, qui avait déclaré après sa nomination à l’archevêché de Paris qu’en devenant chrétien il avait assumé son judaïsme, le Grand rabbin de France de l’époque, René Samuel Sirat, avait répondu : « On ne peut pas être juif et chrétien en même temps. »

Comme je l’ai suggéré précédemment, notamment à propos de Mouammar Kadhafi, l
’identité juive n’est pas affaire de logique mathématique. Si la logique et le bon sens divergent, sans doute convient-il ici d’opter pour le bon sens. Et que dit le bon sens ? Qu’un homme qui est né de parents chrétiens, qui a trois grands-parents non juifs et qui est lui-même catholique pratiquant, n’est pas juif.


Sources : Entreprendre ; Wikipedia.

Mélissa Theuriau, juive selon la presse hitlérienne

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J’aurais pu écrire : « selon la presse algérienne ». Mais finalement, quelle différence ? Comme nous avons déjà eu maintes fois l’occasion de le remarquer, la presse algérienne cultive le conspirationnisme antisémite, tout comme le faisaient Hitler et ses semblables.

En automne 2019 sur Facebook, un internaute apparemment prénommé Abdelaziz a affirmé que la femme de Jamel Debbouze était juive.

Sur le site internet info-israel.news, à propos de la presse algérienne, on peut lire : « Pour rappel, sa femme Mélissa Theuriau étant juive, son mari Jamel se serait converti au judaïsme. D’où viennent ces rumeurs ? À cause d’une simple kippa sur la tête de l’acteur lors d’une visite en Israël sur l’esplanade du Kotel. »

Sur Google, en tête des recherches associées au nom Theuriau, nous avons « melissa theuriau origine » et « melissa theuriau israel ».

Or, dans Midi Libre, Jamel Debbouze se présente comme « Français, musulman, marié à une chrétienne » : « […] je suis père de deux enfants, marié à une chrétienne, journaliste […]. » On peut supposer, sans être trop téméraire, que Jamel Debbouze sait quelle est l’appartenance religieuse de la femme qu’il a épousée.

Nous avons également la version de l’intéressée : « De mon côté, venant d’une famille française qui, même si elle ne pratique pas, est chrétienne, je redoutais un peu que les siens ne veuillent me changer, voire me convertir. » (Elle). On peut supposer, sans être trop téméraire, que Mélissa Theuriau sait quelle est l’appartenance religieuse de sa propre famille.

La presse française nous donne également des indications à propos de leur mariage : « L’humoriste […] et la journaliste de M6 […] avaient choisi de se marier devant " Dieu et Allah ". Le mariage catholique a été célébré dans l’une des salles de l'abbatiale. » (La Dépêche) Leur mariage a également été célébré par un imam à Marrakech (ibid.).

Selon le site filae.com, le patronyme Theuriau, variante de Thierry, serait un « nom de personne d’origine germanique », à l’origine « theoderic, composé de theod = peuple et ric = puissant ». D'autres détails nous sont proposés sur le blog etymo-logique.com. Les variantes sont nombreuses : Teuriot, Teurriot, Theuriaut, Theuriaux, Theurion, Theuriot, Thouriot, Thuriot, Touriot... Les prénoms les plus populaires chez les Theuriau sont Marie, Jean, Jeanne, Pierre, François, etc. (geneanet.org).

Franz-Olivier Giesbert se fait traiter de juif

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[...] Les statistiques officielles montrent que la haine contre les Juifs se traduit par trois fois plus d’actes violents que celle qui vise les musulmans. Sans parler des listes de Juifs qui circulent sur Twitter, comme au temps du IIIe Reich, et où figure, entre autres, le nom de votre serviteur qui n’est pas juif, mais dont le grand tort est de défendre la communauté juive et le droit d’Israël à l’existence. Les cafards sont de retour. — Franz-Olivier Giesbert (Le Point, 11 novembre 2019)

Le bobard selon lequel Franz-Olivier Giesbert serait juif par sa mère a largement circulé, avant même qu’il se mette à protester publiquement contre l’antisémitisme et à défendre Israël. Il me semble même qu’il a été propagé un moment par Wikipedia.

Franz-Olivier Giesbert
se dit chrétien de naissance

Aux dernières nouvelles, son père, Frédérik Giesbert, un Américain né à Chicago, aurait eu des origines allemandes, autrichiennes, écossaises et – entre autres – juives. Il était le fils d’Edmund William Giesbert et de Frances Amelia Proudfoot, elle-même fille de Frederick William Proudfoot et d’Andrea Hofer, dont le père se prénommait Andreas Franz Xaver (ce qui indique qu’il était chrétien).

Quant à sa mère, Marie Allain, épouse Giesbert, elle était issue d’une famille normande et catholique. Elle était la fille de Jean Marie Prosper Allain et de Jeanne Edmé Élisabeth Lenoir. Celle-ci était la fille de Lucien Edmond Lenoir et de Marie Jeannette Braun, laquelle était la fille de Joseph Braun et Marie Élisabeth Brolly.

On trouve des Braun et des Schneider chez les Juifs, mais ce sont aussi des noms de l’Est de la France. En fait, ce sont des noms germaniques courants. Brolly est un nom porté en Alsace et en Lorraine, et rien ne permet de penser que c’est un nom juif.

Enfin, Franz-Olivier Giesbert a été élevé dans la religion catholique, il se dit chrétien de naissance (Famille chrétienne, septembre 2016), et il a frère prénommé Jean-Christophe.


Sources : Akadem ; Famille chrétienne ; Geneanet sur Marie Allain, sur Marie Brolly, sur le nom de famille Brolly, sur Andrea Hofer ; Le Point ; Wikipedia.

La non-judéité des Debré fait-elle débat ?

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Dans son livre Une histoire de famille (Robert Laffont, 2019), Jean-Louis Debré, un des fils de Michel Debré, raconte l’histoire de ses ascendants, celle d’une « famille d’immigrés juifs ». Mais qui est encore juif chez les Debré ?

Jean-Louis Debré a épousé Anne-Marie Engel. Engel est un nom qui peut être porté par des Juifs, mais c’est surtout un nom allemand, alsacien et lorrain. Les prénoms des enfants du couple, Charles-Emmanuel, Guillaume et Marie-Victoire, ne suggèrent absolument pas que l’on aurait affaire à une famille juive.

Bernard Debré, un chrétien face
aux chrétiens à l’occasion d’une
émission d’une radio chrétienne.

Il est de bon ton, aujourd’hui, de se trouver des « origines juives », et l’on sait que le professeur de médecine Robert Debré, père de Michel Debré, était fils de rabbin. Naturellement, il n’en faut pas davantage pour que l’on entende dire ici ou là que l’ancien ministre du général de Gaulle et coauteur de la Constitution était juif.

Certains croient même pouvoir considérer comme juive toute personne portant ce patronyme, comme par exemple Isabelle Debré, épouse de Vincent Debré, née Isabelle Le Poittevin de La Croix-Vaubois.

Or, Robert Debré avait été le dernier juif de la lignée, et il s’était lui-même converti à la religion catholique. Il n’aura certes pas été le premier fils de rabbin converti. Son épouse, Jeanne Debat-Ponsan, médecin et fille de l’artiste Édouard Debat-Ponsan, était catholique.

L’homme politique Michel Debré était donc né de deux parents catholiques. Quant à son épouse, elle s’appelait Anne-Marie Le Maresquier. En outre, ministre de la défense au moment de l’affaire des vedettes de Cherbourg, il avait voulu couler les bateaux, quitte à provoquer la mort de tous les membres des équipages israéliens. Il avait fallu toute la détermination du Premier ministre de l’époque, Jacques Chaban-Delmas, pour l’en empêcher.

En 1997, critiquant un projet de loi de Jean-Louis Debré sur l’immigration, Nassima Iselin, dont le mari est le cousin d’Anne-Marie Engel, épouse Debré, évoquait « le brassage de religions et d’origines dans sa famille ».


Sources : Jean-Louis Beaucarnot, Le Tout politique (L’archipel, 2012) ; filae.com, sur Engel ; Kountrass ; Libération ; Wikipedia, sur le nom Engel et sur la famille Debré.

Boris Johnson, ni juif ni turc

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Le site internet intitulé « Juifs célèbres » publie une fois de plus un bobard, que reprend à son compte le site de la Ligue de défense juive. Cette fois, il s’agit du nouveau Premier ministre britannique, Boris Johnson : « Le [P]remier ministre du Royaume[-]Uni, Boris Johnson, est juif ».

Vous m’en direz tant.

Johnson aurait « révélé ses racines juives lors de sa visite au Kotel » (le mur « des Lamentations »). En outre, la mère de Boris Johnson, Charlotte Mary Offlow Fawcett, serait « la fille d’une [J]uive ashkénaze ».

Boris Johnson au Kotel
« Son arrière-grand-père maternel était rabbin en Lituanie », est-il précisé. Il s’agit d’Elias Lowe, fils de Charles Lowe et de Sarah (Sophie), née Ragoler. Voilà qui est extrêmement douteux.

En effet, l’épouse d’Elias Lowe, Helen Porter, n’était pas juive. Comment un rabbin aurait-il pu épouser une non-juive ? C’était strictement impossible, à moins que celle-ci ait été convertie en bonne et due forme. Ce n’était pas le cas.

Boris Johnson, de son nom complet Alexander Boris de Pfeffel Johnson, est le fils de Stanley Patrick Johnson et de Charlotte Johnson Wahl, née Fawcett, elle-même fille de Sir James Fawcett et de Frances Beatrice, veuve de Nicholas Anthony Maria Wahl, née Lowe, fille d’Elias Avery Lowe et de Helen Tracey Porter, laquelle était la fille de Henry Clinton Porter et de Clara, née Holcombe, fille de Judson Holcombe et de Maria, née Nobles.

Le père de Boris Johnson, Stanley Patrick Johnson, était le fils d’Osman Ali Kemal Johnson, surnommé Wilfred et d’Irene Williams, « Wilfred » étant lui-même le fils de Bey Ali Kemal, né à Istanbul, et de Winifred Emma Mary, née Brun.

Quant à la grand-mère de Boris Johnson, Irene Johnson, née Yvonne Eileen Irene Williams, elle était la fille de Stanley Fred Williams et de Marie-Louise von Pfeffel.

Dans la généalogie de Boris Johnson, nous trouvons donc simplement un arrière-grand-père juif côté maternel, le père de sa grand-mère. Du côté paternel, nous trouvons un arrière-grand-père turc de confession musulmane.

Bien évidemment, Boris Johnson lui-même n’est pas plus juif que turc, et pas plus juif que musulman.


Sources : Juifs célèbres ; geni.com, sur Boris Johnson, sur Charlotte Fawcett, sur Frances Lowe, sur Clara Holcombe, sur Elias Lowe, sur Stanley Johnson et sur Irene Williams.

Philippe Val, en famille chez les Juifs ?

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[... En Israël] je suis chez moi [...] on est de la même famille [...].
— Philippe Val, interviewé par Radio Taf en octobre 2016)

C’est probablement en raison de ses déclarations favorables à Israël qu’il passe pour juif aux yeux de certaines personnes. Ce peut être aussi parce que, directeur de Charlie Hebdo, il avait congédié Maurice Sinet, dit Siné, suite à une publication dans laquelle certains ont cru voir — non sans bonnes raisons — de l’antisémitisme.

Que valent ces on-dit sur Val ?

Or, Philippe Val a déclaré à plusieurs occasions, entre autres dans l’interview en Israël pour Radio TAF (une radio israélienne francophone) dont un extrait est cité ci-dessus, qu’il n’était pas juif.

Ainsi, dans une autre interview rapportée par La Nouvelle République :

« […] j’étais le premier à dire que l’antisionisme était un antisémitisme, et je ne suis pas juif. […] »

Autre exemple, plus explicite, sur le site d’Actualité juive :

« Bien que je ne sois pas juif, je me sens citoyen d’Israël au même titre que je me sens citoyen de toutes les grandes démocraties respectueuses des lois protectrices de l’individu. Je ressens une sorte de lien de filiation, je me sens l’enfant de tous ces pays convertis à la démocratie représentative et ayant accepté le consensus autour d’une Constitution universaliste pour ce qui concerne les droits humains. En clair, je me sens parfaitement chez moi à Paris, à Rome, à Tel-Aviv ou à Berlin. Et j’ai la conviction qu’il faut tout faire pour que cela dure et prospère. »

Val est son vrai nom. Val, pas Wahl. Et même si c’était Wahl… mais de toute façon, c’est Val.


Sources : Philippe Val, Tu finiras clochard comme ton Zola, L’Observatoire, 2019 ; Actualité juive ; La Nouvelle République ; Radio Taf, Wikipedia.

À Huysmans, Badinter n’est pas apparenté

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Le 8 janvier 2020, sous le pseudonyme douteux de « Pfff », quelqu’un publiait sur un blog intitulé Un Blog de Sel le commentaire suivant, tout aussi douteux :

[…] Dans son roman, Houellebecq ressort Joris-Karl Huysmans. Un échappé de l’école naturaliste, de l’immonde écurie Zola, un juif converti au catholicisme, pas par réaction (quoique), par adhésion. […]

Confondrait-on « -mans » et « -man » ?
L’écrivain et critique littéraire auquel il est fait référence de cette manière, qui a vécu dans la seconde moitié du XIXe siècle, s’appelait en réalité Charles Marie Georges Huysmans. Son père était néerlandais et s’appelait Godfried Huysmans. Sa mère était française et s’appelait Malvina Badin.

Huysmans est tout simplement un nom de famille flamand, qui signifie « l’homme de la maison » et qui est l’équivalent du nom allemand Hausmann (dont Haussmann est une variante).

Badin n’a évidemment pas de lien avec Badinter. C’est un nom de famille du midi de la France, tout simplement.

Joris-Karl Huysmans fit carrière au ministère de l’Intérieur et collabora un temps, à partir de 1880, au journal Le Gaulois, qui était hostile à l’expulsion des jésuites décrétée à l’époque par le gouvernement.

Il est exact que Huysmans s’était converti au catholicisme, vers la fin de sa vie. Cependant, avant cela, il était protestant, et non pas juif.

Je l’ai déjà mentionné, des parents juifs, même éloignés de la tradition, n’auraient jamais donné à leur fils le prénom Marie, pour deux raisons évidentes : d’une part, la tradition juive interdit de donner à un enfant un prénom de l’autre sexe, et d’autre part, le prénom Marie donné un enfant de sexe masculin fait bien évidemment référence à la mère de Jésus-Christ.


Sources : filae.com, sur les noms Badin et Huysmans ; Wikipedia, sur le nom Huysmans et sur Joris-Karl Huysmans ; Wiktionary, sur le nom Huysmans.

Jean Reno, Juif français né de parents juifs espagnols ?

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Les Français m’ont donné des médailles, ils me respectent et moi aussi mais mes racines sont avant tout espagnoles, andalouses.— Jean Reno, interviewé par El Mundo en juin 2016)

Si l’on en croit un blogueur algérien qui a publié une liste de « [J]uifs célèbres en France », Jean Reno serait « un acteur Juif français né de parents juifs espagnols ».

J’ai déjà montré ce que valaient ce genre de racontar et ce genre de liste.

Certes, Irène Reno, artiste peintre et lithographe (1884-1953), était juive, mais son vrai nom était Rena Hassenberg.

Reno est le nom d’une fameuse ville du Nevada, mais la ville du Nevada qui a été fondée par un Juif (Budsy Spiegel), ce n’est pas Reno, c’est Las Vegas.

Cécile Jeanrenaud, l’épouse de Félix Mendelssohn, était la fille d’un pasteur calviniste. Elle n’était pas juive.

Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce, est juif, et dans Moreno il y a « reno »…

Trêve de plaisanterie.

Juan Moreno y Herrera-Jiménez, dit Jean Reno, acteur français d'origine espagnole, n’est pas juif. Son père était de Sanlúcar de Barrameda et sa mère était de Jerez de la Frontera. Ses parents avaient fui le régime de Franco.

Jean Reno est le parrain de Jade Smet, fille de Johnny Hallyday et de Laetitia Hallyday.

Surtout, les Espagnols qui fuyaient le régime de Franco n’étaient pas juifs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, s’il restait quelques Juifs en Espagne, ils étaient bien inspirés de n’en point sortir, car à l'échelle de l’Europe tout entière, c’est encore dans l’Espagne de Franco qu’ils avaient le moins à craindre.


Sources : El Mundo ; Europe-Israël ; Paris-Match ; Wikipedia.

Raoult, c’est juif ? Et Chloroquine, c’est juif ?

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Les [J]uifs aiment à répéter la formule en forme de boutade inversant les termes classiques de l’identité : est juif celui dont les enfants sont juifs, en lieu et place de la règle voulant que soit juif celui dont la mère est juive.
— Sébastien Tank-Storper, Ce que devenir juif veut dire, Théologiques, 21 (2), 159–178. https://doi.org/10.7202/1028466ar

Sur Facebook, le 24 mars 2020, quelqu’un écrivait en guise de commentaire que le professeur Didier Raoult, ce médecin praticien et chercheur à Marseille, spécialisé dans la microbiologie et les virus, dont on parle tant depuis la pandémie du coronavirus, était juif et que son nom était l’abréviation de Raoultovski [sic].

Raoult, Raoul, Radulf...
Raoult est bel et bien son vrai nom. Son père s’appelait André Raoult, fils d’André Marie Raoult et de Victorine Leroux, et était né à Loudéac, dans le nord de la Bretagne.

Effectivement, d’après les généalogistes, ce nom serait porté surtout en Bretagne. Il pourrait s’agir d’une variante de Raoul, ou bien d’un nom dérivé du nom germanique Radwald (rad = conseil et wald = qui gouverne). Sur le site Geneastar, il est précisé que la différence n'est « pas énorme », sachant que Raoul correspond au nom germanique Radwulf (wulf = loup). Voir aussi Wikipedia.

Naturellement, il n’y a rien de juif dans tout ce qui précède. Quant à la mère de Didier Raoult, Francine Le Gendre, née à Marseille, elle était la fille de Paul Le Gendre et de Lucienne Paule Marcelle Jorge.

Les origines du professeur Didier Raoult sont bretonnes et normandes.

Certes, la femme de l’intéressé, la psychiatre Natacha Raoult-Caïn, née de parents psychanalystes, « est issue d'une famille immigrée juive lituanienne du côté maternel, du [C]omtat [V]enaissin du côté paternel » (Amazon), et il semblerait que les enfants du couple Raoult aient été élevés dans la tradition juive. Comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu.

De là à prétendre que Didier Raoult est juif, il y a loin. Quant à « Raoultovski »... pourquoi pas Raoultovici, Raoultmann ou Raoultenberg, pendant qu’on y est ?


Sources : Amazon ; revue Théologie ; Geneanet ; Geneastar ; Wikipedia.

Apolline de Malherbe, l’herbe des Juifs ?

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Le soir du 1er mai 2020, le professeur Didier Raoultétait interviewé sur BFM-TV par Apolline de Malherbe. Le lendemain, les commentaires fusaient sur le « chat en ligne » associé à la vidéo de l’interview.

De façon naturelle, compte tenu des compétence et du bon sens du médecin et de certaines questions stupides de la journaliste, le premier était abondamment loué et la seconde, abondamment conspuée.

Une descendante de
François de Malherbe ?
Cependant, ce défouloir était aussi l’occasion pour certains détraqués d’exprimer leur antisémitisme, de façon détournée en faisant de la publicité pour le nazi Alain Soral ou en dénonçant la toute-puissance fantasmée de la famille Rothschild, ou même, de manière plus directe, en traitant la journaliste de « juive ».

Parce qu’elle est brune ? (quelqu’un suggérait aussi qu’elle devait être turque !)

Il faut savoir qu’un certain nombre de crétins, sous prétexte que les Juifs sont relativement nombreux sur le petit écran (pour des raisons très différentes de ce qu’ils s’imaginent), inversent le lien entre observation et conclusion : partant du principe qu’il n’y aurait pratiquement « que des Juifs » à la télévision, y voient effectivement des Juifs partout.

Le délire antisémite ne connaît aucune limite.

Sur Google, parmi les suggestions de recherche associées au nom Apolline de Malherbe, on peut noter les mots origine, religion, Israël, Jérusalem.

Apolline de Malherbe est la fille de Guy de Malherbe et de Marie-Hélène de La Forest-Divonne, elle-même fille de René de La Forest-Divonne et de Bernadette, née Humann-Guilleminot, dont la mère s’appelait Anne-Marie Bérenger d’Herbemont. Pour aller plus loin dans sa généalogie, on pourra consulter le site Geneanet, par exemple.

Entre Malherbe et Herbemont, on voit bien les particules, mais on voir mal où seraient les Juifs.


Sources : Geneanet ; rubrique « EXCLU : Une journée en coulisses de BFMTV Actu - Télé 2 Semaines », www.programme.tv/news,‎ 27 février 2016, consulté le 9 octobre 2016 et repris par Wikipedia.

Marie Curie, « femme juive et polonaise » ?

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Selon toute apparence, il suffit qu’une célébrité ait des origines polonaises connues pour que certains, sans le moindre souci de rigueur et de vérité, lui prêtent une identité juive.

C’est le cas, on l’a vu, de Zbigniew Brzezinski, l’ancien conseiller du président américain Jimmy Carter.

C’est le cas, également, de l’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie et de l’ancienne secrétaire nationale du Parti communiste français Marie-George Buffet, qui ont toutes deux des origines polonaises du côté maternel.

On ne s’étonnera donc pas qu’une semblable rumeur se propage concernant la célèbre physicienne et chimiste Marie Curie, née Maria Salomea Skłodowska.

Les délires de certains...

Certaines personnes n’hésitent pas à étaler leurs délires sur Internet, comme par exemple une dénommée Claudine Douillet, qui n’a pas honte de publier une « interview imaginaire » dans son « magazine » en ligne Alliance, intitulée « Marie Curie : moi femme juive et polonaise... ».

Certes, Marie Curie avait donné à ses filles les prénoms respectifs Irène et Ève. Elle avait aussi salué la réhabilitation du capitaine Dreyfus.

Quoi d’autre ?

Plus sérieusement, on sait que Władysław Skłodowski et Bronisława, née Boguska, les parents de la future Marie Curie, étaient tous deux issus de familles de la petite noblesse polonaise (voir, par exemple, le site de la Bibliothèque nationale polonaise).

On sait aussi que Bronisława, la mère de Marie Curie, était catholique et très croyante, contrairement à son époux qui était de la même confession mais pas croyant.

Quant à l’épouse de Pierre Curie, attachée à son identité polonaise, elle a appris à ses filles sa langue natale et les a emmenées en Pologne plusieurs fois. On serait bien en peine de citer, même à cette époque, un Juif ou une Juive émigrée de Pologne qui aurait fait de même. En Pologne, les Juifs disaient déjà : « Heureux comme Dieu en France ».


Sources : Biblioteka Narodowa (Bibliothèque nationale polonaise) ; BNF ; Pour la science ; Wikipedia.

Charles Juif, ce serait « too Münch »...

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Je ne sais plus qui m’avait affirmé un jour que le regretté chef d’orchestre Charles Münch était juif : naturellement, ce n’était qu’une invention, une de plus.

Comment Charles Münch aurait-il pu être juif si l’on sait que son père, Ernest Münch, avait été organiste de l’église protestante Saint-Guillaume de Strasbourg, que son oncle Eugène Münch était lui aussi organiste...

Cet homme était... too Münch !

... et surtout, qu’il avait été invité à Berlin en 1937, donc sous Hitler, par la Société Internationale de Musique Contemporaine ?

Ce qui ne l’empêchera pas de participer à la Résistance et d’être décoré de la Légion d’honneur pour cela.

Sa mère, Célestine Münch, née Simon, était la fille de Godefroy Frédéric Simon et de Marguerite Louise Apenzeller.

Outre qu’un Juif avait très peu de chances de se prénommer Godefroy, les patronymes Münch, Apenzeller et Simon n’indiquent pas a priori une origine juive. Simon est un nom de famille extrêmement répandu en France. Il y a des Simon juifs, certes, mais la majorité de ceux qui portent ce nom ne le sont pas.

L’épouse du musicien, Geneviève Maury, n’était vraisemblablement pas juive du tout.

Enfin, Charles Münch était cousin par alliance d’Albert Schweitzer. Il partage aujourd’hui sa sépulture avec sa nièce par alliance, la pianiste Nicole Henriot-Schweitzer.

La réalité est tout simplement que Charles Münch était alsacien et protestant, comme ses ascendants depuis des générations.


Sources : Geneanet ; Cimetières de France et d'ailleurs ; Wikipedia.

Peut-on faire des pianos à New-York sans être juif ?

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[Durant la Seconde Guerre mondiale, a]ccusés – à tort – d’espionnage au profit de l’Allemagne d’un côté de l’Atlantique, soupçonnés – à tort également – d’avoir du sang juif de l’autre côté, les Steinway survivent en participant à l’effort de guerre, un pied dans chaque camp. — Nicolas Barré, Les Échos, 24 août 2001, mis à jour le 6 août 2019

La rumeur attribuant une identité juive à Henry E. Steinway, né Heinrich Engelhard Steinweg, le fondateur de la fameuse marque de pianos, date de son vivant. La fausse information m’avait sans doute été transmise par quelqu’un de mon entourage proche.

Heinrich E. Steinweg

À quoi tient-elle donc ? Au fait qu’il ait été familiarisé au piano par un ami juif nommé Karl Brand ?

Ou bien, à la présence du vocable « stein » dans son nom ? Comme chez John Steinbeck (pas juif) ou comme chez le personnage de fiction Victor Frankenstein (pas juif non plus) ?

Pour nous en tenir à la facture de pianos, Eduard Steingraeber, autre fondateur d’une marque allemande, n’avait aucune origine juive connue. Quant à Carl Bechstein, fondateur d’une autre marque allemande plus prestigieuse encore, qu’il me suffise de rappeler qu’il fut le premier sponsor du parti nazi.

Les ancêtres de Heinrich Engelhard Steinweg vivaient depuis de nombreuses générations dans le duché de Brunswick. C’est là un premier indice de non-judéité.

Né en 1797 dans le village de Wolfshagen Im Harz et orphelin à quinze ans, Heinrich Steinweg dut braver les règlements de la guilde locale pour devenir ébéniste à Goslar. Un peu plus tard, l’Église locale lui permit de devenir facteur d'orgues dans la ville voisine de Seesen.

En 1851, pour des raisons de carrière, H. E. Steinweg émigra à New-York, où il américanisa son nom et fonda, avec ses fils, la fameuse marque de pianos Steinway & Sons (les Steinweg co-fondèrent aussi la marque allemande Grotrian-Steinweg, qui existe toujours).

À cette époque, l’immigration allemande aux États-Unis, suscitée par de mauvaises conditions économiques, n’avait rien à voir avec l’émigration juive allemande qui prendra son essor au siècle suivant, pour des raisons évidentes. Au XIXe siècle, au contraire, les Juifs d’Allemagne adoraient ce pays et ne rêvaient que de s’y intégrer toujours plus profondément, quitte à faire pour cela de grands sacrifices.


Sources : Immigrant Entrepreneurship ; Les Échos ; Richard K. Lieberman, Steinway & Sons, Yale University Press, 1995 ; Dorothee Schneider, Trade unions and community – The German working class in New York City, 1870-1900. University of Illinois Press, 1994.

Si Annie Cordy avait été juive...

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... Aurait-elle chanté « La Bonne du curé » ?

Sur Facebook, en janvier 2020, quelqu’un prêtait une identité juive à Annie Cordy. Il n’était pas le seul.

Sur la page de discussion associée à l’article de Wikipedia consacré à Annie Cordy, nous avons un bel exemple du genre de maniaque que je me suis fait une spécialité de contredire. Voici un extrait des échanges :

Avec Enrico Macias

– Pourquoi ne peut-on [pas] mettre dans sa biographie qu’elle est de confes[s]ion juive ? Y a-t-il quelque chose de honteux à cela ?

Réponse de « Xavier1981 » (24 décembre 2009) :

– Peut-être parce que ce n’est pas vrai ? Aucune source sérieuse ne l’affirme[,] en tout cas.

Insatisfait(e) de cette réponse, notre obsédé(e) revient à la charge :

– Après recherches, les patronymes de Leeuw et Cooreman sont bien des patronymes juifs. Je continue pour savoir si Annie a repris la religion de ses deux parents. Si tel est bien le cas, il faut le signaler et surtout trouver des sources qui préciseraient comment sa famille a pu échapper au génocide.

– Leeuw veut dire lion en néerlandais... Et Coor[e]man a déjà sa notice sur [Wikipedia]. Un peu de recherches et connaissances linguistiques [sic] aident avant de dire des bêtises ! Avec ce genre de raccourcis, les 90 % des Pays-Bas, de la Belgique, de l’Allemagne et de l’Autriche seraient juifs...

On ne saurait mieux dire. Et cependant, la polémique s’est encore poursuivie (voir ici).

Annie Cordy, de son vrai nom Léonie Cooreman, est née à Laeken, en Belgique. Son père, Jan Cornelius Cooreman, était le fils d’Armand Cooreman et de Weylen Petronella Peeters. Sa mère s’appelait Maria Ludovica de Leeuw.

Certains rapprochent Leeuw de Lévi. En réalité, tous les noms qui précèdent sont des patronymes flamands.

On peut lire aussi dans Généalogie Magazine : « Comme l’immense majorité de ses compatriotes, elle descend des ducs de Brabant. »

(Voir aussi, par exemple, mon article sur Laury Thilleman.)


Sources : acte de naissance de la mère d’Annie Cordy ; Généalogie Magazine ; Geneanet ; Wikipedia, page de discussion ; Wikipedia, sur le nom Cooreman ; Wikipedia, sur le nom de Leeuw.

Meg Steinheil et le « syndicat juif »

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Le 8 juin 2020, un curieux personnage écrivait ceci sur Facebook :

[…] La France ne s’était pas encore remise de l’affaire Dreyfus, même si la liquidation du Président Félix Faure par Mag Steinhell [sic]« la putain de la maffia juive » avait détendu l’atmosphère […]

Des antidreyfusards avaient accusé Marguerite (Meg) Steinheil d’avoir empoisonné le président Félix Faure pour le compte du « syndicat juif ». De là à avancer que celle que l’on surnommera un jour « la Sarah Bernhardt du prétoire » et qui deviendra ensuite « Lady Abinger » était juive elle-même, on se doute que certains auront vite franchi le pas : d’autant qu’on n’était plus à une ou deux absurdités près.

Japy pas ly croère !

La présence du vocable « stein » dans « Steinheil » y serait peut-être pour quelque chose. À ce propos, voir, par exemple, mon article sur Henry Steinway.

Meg Steinheil, née Marguerite Jeanne Japy, était la fille d’Édouard Japy, dont les parents s’appelaient tous les deux Japy, et d’Émilie Japy, née Rau, fille d’aubergiste.

Les Japy étaient des protestants. Ils étaient liés à d’autres familles de protestants alsaciens, en particulier les Scheurer (entre autres, le sénateur Auguste Scheurer-Kestner), les Peugeot, les Cuvier et les Koechlin.

Le cousinage de Marguerite Japy, qui avait épousée le peintre Adolphe Steinheil dans un temple protestant, comporte les noms suivants : Beley, Chacun, Chanis, Conter, Dhaussy, Genesy, Massey, Vanney.

Aucun de ces patronymes ne suggère une ascendance juive, pas plus que Japy ou Rau. Par ailleurs, une cousine germaine de « Meg » avait épousé Robert Peugeot.

Meg Steinheil était donc issue d’une famille de protestants d’origine alsacienne et jusqu’à plus ample informé, on ne lui connaît pas d’ascendance juive.


Sources : Sylvie Lausberg, Madame S (Slatkine et Cie, 2019) ; Geneanet ; Geneastar ; Wikipedia.

Hervé Cristiani, comme son nom l’indique

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On peut toujours spéculer sur la raison pour laquelle certaines personnes ont cru qu’Hervé Cristiani était juif.

Son patronyme ? Il est vrai qu’un nom évoquant irrésistiblement le christianisme peut parfois être porté par des Juifs – j’ai connu un Juif qui s’appelait Chrétien – et pour peu que le goût du paradoxe soit de la partie, on ne doit pas s’étonner d’entendre des gens insister sur ce sujet.

Déchristianiser Cristiani ?

En réalité, Cristiani est un nom corse : « Cristiani est un nom de famille qui représente la forme corse de Chrétien, ancien nom de baptême issu du latin christianus, employé pour désigner les disciples du Christ. Ce nom a pris un sens péjoratif [:] malingre, chétif. » (Filae)

Le fait que beaucoup de chanteurs de variété soient juifs ? On pourrait tout aussi bien dire qu’il y a beaucoup de médecins juifs, beaucoup d’opticiens juifs, beaucoup de musiciens juifs, etc.

J’ai déjà eu plus d’un fois l’occasion de faire la part des choses concernant ce genre d’affirmation qui relève du fantasme, et les nombreux chanteurs de variété auxquels j’ai consacré des articles sur ce blog ne sont qu’un échantillon parmi toute la population non juive de ce milieu.

Sa physionomie ? Son nez ? Allez savoir.

On pourra aussi consulter sur le site Geopatronyme des éléments d’histoire concernant les Cristiani, et sur Geneanet la liste des prénoms recensés parmi les personnes nées sous ce patronyme.

Hervé Cristiani était d’ascendance corse et piémontaise, et il avait été scolarisé dans un collège des Jésuites.

Ses obsèques, le 23 juillet 2014, ont eu lieu en l’église Sainte-Cécile de Boulogne-Billancourt. Et bien entendu, les sépultures les plus proches de la sienne ne sont pas des sépultures juives.


Sources : Filae ; Geneanet ; Geopatronyme ; lemonde.fr ; Stéphane Thomas.
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